J’ai parcouru le lien donné par Michel49. Il y a effectivement un échange concernant différents interfaces du corps (tout compris), mais pas de rapport vraiment avec notre discussion. Les élucubrations des uns et des autres montrent leur capacité à développer des productions mentales personnelles, pas à clarifier les notions de la MC qui sont finalement strictes et bien cadrées. Les production mentales personnelles sont justement issues du zangshen découplé du yuanshen. Les notions décrites par la MC proviennent d’un zangshen complètement enraciné dans la lumière du yuanshen. On n’imagine même pas que cela puisse exister en MS.
Bien comprises, les notions chinoises concernant le shen et les sentiments ont le mérite de permettre la création de procédures thérapeutiques extraordinairement efficaces. C’est cela même leur intérêt, pas la spéculation philosophique sur leur contenu.
Quant à écrire que les Chinois ont su préserver leurs traditions, vous me faites rires. Les rares Chinois qui ne sont pas jetés à corps perdu dans la mondialisation économique, oui, je veux bien le croire. Mais pour l’immense majorité des autres, sur le plan de la santé, c’est une catastrophe. Il est là, le témoin authentique. Tout le reste, je veux dire la spéculation mentale d’un zangshen autonome, c’est de la négation qui ne veut pas dire son nom.
Vous constaterez combien tous ceux qui définissent l’intelligence, s’arrangent toujours pour rentrer dans les termes de leur définition. Mais un être intelligent n’est pas celui qui étale des concepts pour satisfaire son ego, c’est quelqu’un qui a su maintenant son corps en bonne santé pendant une durée de vie d’homme, jusqu’au bout. Et à ce compte, peu d’entre nous y sont parvenus. En tous les cas, je reste prudent me concernant. Evidemment, nous préférons moins entendre cela. Parler du mental, c’est facile, on lui fait dire ce qu’il veut. Mais parler du corps, ça c’est une autre histoire, celle du déni de l’authenticité.
J’attends vos réaction avant de continuer.
SVP, remplacer “c’est quelqu’un qui a su maintenant son corps” par “c’est quelqu’un qui a su maintenir son corps”.
Petit enchainementd’un néophyte pour clarifier l’atmosphère : Le monde matériel actuel englue la reflection de manière si forte qu’ il faille recourir aux Gui que nos ancêtres avaient fait évoluer en médecine étiologique et syndromatique. Retour aux sources pour contrer les maux actuels ?
Oui, ce que dit Stromm va tout à fait dans le sens de mon raisonnement. Cependant, Stromm écrit un raisonnement philosophique, général, intellectualisé selon les paradigmes de la pensée chinoise ; tandis que je vous décrit un raisonnement terre à terre, directement issu d’une pratique médicale et collant à la réalité de notre monde actuel. Un raisonnement philosophique n’engage personne personnellement, il est plus facile à entendre qu’un raisonnement actuel qui engage chacun de nous dans ce qu’il a de plus intime : sa relation à son propre corps.
A ceci près qu’il n’est pas qu’un philosophe, mais aussi un acupuncteur qui met en pratique dans ses traitements les théories qu’il développe.
Je serai toutefois incapable de vous dire s’il a développé ses théories en partant d’un “raisonnement terre à terre, directement issu d’une pratique médicale et collant à la réalité de notre monde actuel”, ou s’il a développé sa pratique médicale en partant de ses théories.
Je pense toutefois que la première hypothèse est la plus vraisemblable.
Ma pensée n’est pas assez profonde pour savoir ce qui est dit dans ces échanges est juste ou non. La seule chose que j’ai envie de dire est que l’organisation de nos sociétés, l’état pitoyable de la nature et de la médecine scientifique ne sont qu’à l’image de notre pensée. Nous sommes les créateurs de ces désastres. Nous sommes beaucoup à être choqués par le carnage écologique. Mais les processus qui sont derrière ce carnage de la Nature sont les mêmes qui sont derrière la médecine conventionnelle dite scientifique, la production de l’alimentation, les rapports humains, la politique. Nous vivons l’un des pires moments de l’humanité. L’homme contemporain s’est coupé de la nature, s’est coupé des autres, s’est coupé de lui-même. Par chance, ici-bas, rien n’est définitif et l’humanité passera à autre chose. Pas tout de suite :-) D’ici là, je pense qu’un retour vers le respect de la Nature, le respect de l’autre et le respect de soi-même serait salvateur.
Je n’ai pas compris la question de papyarno.
Probablement que Michel49 a raison, après tout, nous n’en savons rien ; bien que ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, il est parfois difficile à cerner exactement sur internet ce que quelqu’un a désiré exprimer.
Je suis Philippe dans son raisonnement. Le problème est que toute mutation se fait dans la souffrance et ici, pas à l’échelle personnelle, mais universelle. Ceci dit, d’une part, chacun de nous participe indirectement du carnage écologique ; d’autre part, l’état de la MS ne fait que refléter celui de chaque être. La MS ne provoque rien d’elle-même, elle ne fait que s’adapter aux populations qui ni demandent rien d’autre que ça.
Bonjour à tous,
Je suis d’accord avec vous sur la situation actuelle.
Avec un ami, nous en avons pris conscience il y a 3 ou 4 ans déjà, et depuis ce temps là, nous en souffrons deux fois plus, et je ne pense pas que nous soyons des cas isolés, loin de là.
La société, telle que nous l’avons ingurgité depuis l’enfance, nous a fait grandir en nous inculquant des idées et des concepts qui nous pousse vers notre auto-destruction. Aujourd’hui, énormément de gens travaillent dans des bureaux, dans un stress omniprésent. Et si on veut essayer de se nourrir correctement le midi, et essayer d’avoir une vie saine, ça en est presque impossible (à moins que les entreprises se mettent à fournir des cuisines équipées à ses employés, mais faut pas rêver).
Et tous ce stress, cette exposition à la malbouffe, on la subit pour pouvoir payer son loyer, ou son crédit, pour payer ses factures, et pour consommer, et consommer encore. On en devient malade, on se pose même la question “comment je suis devenu comme ça?”, mais rare sont les gens qui répondent justement à cette question, car c’est la société qui nous inculque cette dégénérescence. Et donc à la place, on va passer une batterie d’examens, et prendre une tonnes de pilules, en espérant aller mieux.
Et au final, bien que le vrai problème soit la vie que nous menons, nous ne savons pas comment changer tout ça, et même à une échelle personnelle, cela est un vrai défi de taille à relever.
Non Bakonu, je ne suis pas d’accord avec vous, la société ne nous a rien inculqué sans notre complicité car nous aussi composons la société.
Qu’il y ait une souffrance de cette prise de conscience, d’accord, mais que cette souffrance soit une fin en soi et non pas le commencement d’un autre chemin, là je suis aux antipodes de cette affirmation. Ca voudrait dire que la souffrance ne sert à rien. Or, c’est la seule dimension qui sert à quelque chose dans cette vie.
La souffrance est le levier de la transformation intérieure. La prise de conscience aiguë de celle-là est le premier pas pour en sortir. C’est une vie de travail, mais c’est un travail possible.
Vous avez la liberté absolue de vous engager sur le chemin.
bonjour,
Au vu de la discussion qui commence à parler de souffrance, à toute fin utile, je vous invite à lire le 5ème chapitre du “plaidoyer pour le bonheur” de Mathieu Ricard, intitulé “l’alchimie de la souffrance”.
C’est une très bonne réflexion sur le sujet qui m’a fait voir cette notion d’un autre oeil.
(désolé pour cette digression par rapport au sujet initial, mais comme nous rencontrons cette notion de souffrance chaque jour avec nos patients, cette lecture me semble importante)
Bonne lecture ;)
La souffrance ne sert pas à rien. C’est d’ailleurs ceux qui ont eu le plus à l’éprouver qui se rendent compte que quelque chose ne va pas dans le système (ce qui rejoint ce que vous dite en disant que c’est le levier de la transformation intérieur).
Pour ce qui est de ce que nous inculque la société, je ne suis pas complètement d’accord quand vous impliquez notre propre complicité.
Est-ce qu’un enfant est complice de ce que lui apprend l’école ou ses parents? Ou même de ce qu’il voit à la télé, dans les médias?
Bien sûr que non, pourtant c’est à l’enfance que se forge principalement notre mode de pensée initial, et au vu de la mauvaise influence que la société nous apporte, seule la souffrance nous permet de nous “réveiller”.
Mais le plus triste dans tout ça, c’est que le réveil arrive parfois bien tard. Alors que si la société suivait le bon mouvement, le bon rythme, la souffrance serait toujours présente, mais elle serait “minimiser” et servirait de point d’équilibre afin de ne pas prendre de mauvaises directions.
De là où je vous parle Bakonou, il n’y a ni adulte ni enfant, ni passé ni futur. Il n’y a que vous face à vous même dans le présent et là, vous avez la liberté absolue de choisir la voie que vous voulez.
En dehors de ça, vous agissez autant sur la société, qu’elle agit sur vous. Il n’y a pas un bourreau quelque part et une victime ailleurs. Non, ça ne fonctionne pas comme ça. Vous êtes en même temps les deux, dans une interaction réciproque où la cause produit l’effet aussi bien que l’inverse… comme dans bianzheng !
Mais personne ne veut entendre qu’il est complice de sa conception à sa mort. C’est plus facile quand la faute vient de l’autre. Vous parlez comme si vous étiez une “gentille” victime innocente qui ne fait pas partie du “mauvais” monde et tout le monde fait pareil. C’est pour ça que rien ne change. Réfléchissez-y.
Là je suis bien d’accord, que à partir du moment où on prend conscience de tout ce bordel, du mauvais chemin sur lequel on est depuis longtemps, alors là on est seul coupable de ne pas reprendre la bonne direction.
Ce que je voulais exprimer depuis le départ, c’est que dans cette société, pour une majorité de personnes, un mauvais chemin nous est montré depuis l’enfance. A ce moment là, nous ne sommes pas complice de cette route que l’on nous fait prendre. A partir de l’adolescence notre conscience commence à prendre son indépendance, et on commence à devenir responsable de nos actes et on commence seulement à devenir complice (on commence seulement, cela reste à ce niveau une complicité passive), mais ce n’est pas forcément à ce moment là qu’on trouve un meilleur chemin. La prise de conscience peut arriver bien plus tard, et quand elle arrive, là on devient complice à part entière.
Après, là où ça devient intéressant et “déprimant”, c’est que entre le moment où on prend conscience du “mauvais” chemin emprunté, et le moment où on trouve le “bon” chemin, il peut se passer des mois, et assez souvent des années.
Et tout ça, parce que nous n’avons pas suffisamment appris à vivre “alternativement”, nous n’avons pas appris d’autres chemins, et qu’il faut d’abord, comme disent les taoïstes, “désapprendre” ce que l’on sait, ou ce que l’on croit savoir.
D’ailleurs, à la fin de mon premier message, ce manque de savoir est fortement exprimé:
....
Et au final, bien que le vrai problème soit la vie que nous menons, nous ne savons pas comment changer tout ça, et même à une échelle personnelle, cela est un vrai défi de taille à relever.
Nous ne sommes pas obligés de nous exprimer avec les mêmes mots ni être d’accords sur des détails, mais dans l’ensemble, nous nous sommes compris.
Sans doutes y a-t-il quelque chose à voir avec la dépression, justement.
On peut dire que l’état normal du monde est la soumission à la souffrance, avec toutes sortes de tentatives de la gérer tant bien que mal, comme le pouvoir par exemple. Maintenant, on peut construire son propre monde en dehors de ça, en considérant la souffrance comme un levier de transformation.