Bonjour tout le monde,
Je voudrais faire une remarque concernant l’évolution générale des syndromes d’un certain nombre de pathologies, évolution que je constate depuis quelques proches années.
Pour faire court, les trois syndromes les plus représentatifs des troubles psychiques (stress, insomnie, dépression) sont : 1. le Vide de Sang, 2. le Cœur et Reins n’ont pas d’échanges, 3. la dysharmonie Bois et Terre qui prend la forme de Stagnation de qi et accumulation de Mucosités. Quant aux troubles de la ménopause, nous retrouvons le Cœur et Reins n’ont pas d’échanges, les Vides de yang de Rate et Reins, le Vide de yin et de yang des Reins, la Stagnation de qi et accumulation de Mucosités.
Depuis quelques années et pour toutes ces pathologies, ainsi que pour les phobies, asthénies communes et pertes de mémoire, je ne vois que la forme Stagnation de qi (avec Stase de Sang) et accumulation de Mucosités. D’une certaine manière, ça m’arrange bien, car les traitements par acupuncture sont très efficaces.
Je ne sais pas si vous avez remarqué cette évolution de votre côté et j’aimerais bien un retour de vos expériences.
Amitiés à tous et bonnes vacances pour ceux qui partent.
Trebor,
Je n’utilise plus la différenciation des syndromes des Zang Fu ni pour l’acupuncture ni pour la phytothérapie chinoise, donc, je ne sais pas s’il y a une évolution dans cette dialectique. Pour aller dans ton sens, j’ai remarqué plus de signe de mucosités et un pouls Hua glissant bien plus fréquemment qu’avant, au point où il y a quelques temps, je me disais que je ne savais plus prendre les pouls ! Récemment, un éclairage différent sur la pulsologie m’a permis de conforter mes sensations, sauf que ce pouls glissant est sans doute associé aussi souvent à la stase de sang… Je ne sais pas si cela fait écho à tes constations.
Cher Philippe,
Ta réponse va bien dans mon sens, je crois que c’est tout à fait clair.
La seule remarque que je fais concerne le pouls glissant dans la stase de sang. Personnellement, je l’associe au pouls tendu car toutes, je dis bien toutes les stagnation de qi que je vois, sont déjà transformées en stase de sang. A tel point que, même quand je ne la vois pas sous la langue, elle apparaît la deuxième séance si je ne poncture pas 17V et/ou 10Rte
Voici deux exemples significatifs.
1. Je vois un ancienne anorexique, normalement mince sans être maigre, pour une insomnie. Le pouls est fin, faible et tendu ; la langue pâle avec un mince enduit blanc ; le teint pâle. Je me frotte les mains et me disant qu’avec un vide de sang pareil, ça va aller tout seul. Echec total après deux séances. Le pouls reste fin, faible et tendu mais apparaît clairement glissant aux barrières. La langue est plus grosse. J’y vais sur les mucosités qui bloquent le foyer médian : succès total !
2. J’examine et re-examine la langue sous toutes ses faces chez une personne et je ne trouve aucune stase de sang. Je rééquilibre une dysharmonie Bois et Terre sans puncturer 17V. Le pouls reste tendu et la patiente n’est pas tout à fait détendue. Je pique 17V, le pouls et la patiente se détendent immédiatement. Aucune tache mauve n’apparaît d’une manière significative sur la langue.
Je constate ces choses-là et je me dis que les configurations des maladies ont changé avec l’évolution de la société. Je me demande même s’il n’y a pas eu un virage à partir de la mondialisation économique.
Je fais d’autres constatation également, moins glorieuses ; je pourrais en parler une autre fois.
Je constate ces choses-là et je me dis que les configurations des maladies ont changé avec l’évolution de la société. Je me demande même s’il n’y a pas eu un virage à partir de la mondialisation économique.
Oui, c’est évident que notre rythme de vie, notre alimentation, nos problèmes existentiels sont très différenst de nos ancêtres. Cela doit influencer nos maladies. Cependant, je n’ai jamais eu d’aussi bons résultats depuis que je traite mes patients avec une méthode qui s’appuie sur le Shang Han Lun et Jin Gui yao Lue. Je veux dire que les remèdes des anciens sont aussi performants pour nos patients. Ce sont simplement les grandes tendances pathologiques qui ont changés. Mais les solutions sont quand même là dans les grands classiques. Et ton exemple avec le V 17 le démontre. Merci de partager ces constatations, c’est très intéressant.
Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, est qu’il y a plusieurs voies qui mènent à un résultat, que nous ayons une approche thérapeutique en pharma ou en acu. Quand bien même les syndromes changent avec le shen des patients, les classiques restent efficaces si nous savons nous adapter aux variations syndromiques.
Voici un exemple typique : nous apprenons dans les livres le cœur et reins n’ont pas d’échanges et, ailleurs, la dysharmonie bois et terre. Mais les patients n’ont pas l’un ou l’autre des syndromes. Ils ont toujours les deux, avec une prédominance de l’un, le ben, sur l’autre, le biao. L’impression que j’ai est, qu’“avant”, nous avions une relation cœur-reins en ben et foie-rate en biao ; “maintenant”, c’est l’inverse : foie-rate en ben et cœur-reins en biao.
Quand on sait la coexistence de ces deux syndromes dans beaucoup d’affections, on doit être très attentif à la relation ben/biao. Le traitement n’est pas du tout le même selon la prédominance d’un ben ou de l’autre, même si les deux syndromes sont toujours présents ensemble.
C’est très clair dans les troubles psychiques et de la ménopause.
Je constate ces choses-là et je me dis que les configurations des maladies ont changé avec l’évolution de la société. Je me demande même s’il n’y a pas eu un virage à partir de la mondialisation économique.
Oui, c’est évident que notre rythme de vie, notre alimentation, nos problèmes existentiels sont très différents de ceux de nos ancêtres. Cela doit influencer nos maladies. Cependant, je n’ai jamais eu d’aussi bons résultats depuis que je traite mes patients avec une méthode qui s’appuie sur le Shang Han Lun et Jin Gui yao Lue. Je veux dire que les remèdes des anciens sont aussi performants pour nos patients. Ce sont simplement les grandes tendances pathologiques qui ont changés. Mais les solutions sont quand même là dans les grands classiques. Et ton exemple avec le V 17 le démontre. Merci de partager ces constatations, c’est très intéressant.
Pour compléter cet échange, nous sommes ramenés sur les fondamentaux taoïstes où le corps est le témoin de notre authenticité, pas notre pensée qui déplace et camoufle en permanence. Avec les pouls et la langue, nous “rentrons” directement dans le corps des patients, sans l’intermédiaire oral qui raconte ce qu’il veut et ce que l’autre doit entendre. Nous pénétrons donc dans un témoin véritable du shen, que le langage ne peut pas offrir. Le corps en tant que jing-shen-hun-po, de nos contemporains, a donc changé en corrélation avec celui de la civilisation. Ce corps reflète l’état de conscience, cad aussi l’organisation des gui qui le composent. L’épidémie mondiale d’obésité et de diabète, reflète cette nouvelle organisation qui “tourne” autour de la rate-yi.
L’authenticité des textes fondamentaux, qu’ils soient médicaux ou symboliques-spirituels, restent d’actualités, car ils ont été construits à partir de l’immobilité-stabilité du yuanshen. Ce n’est pas le cas des doctrines économico-philosophico-scientifiques construites à partir du déplacement-refoulement du zangshen, vouées donc à naître, croître, chuter et mourir. Et c’est le corps qui est le témoin de tout ça. Le corps… cet endroit interdit de parole sur lequel se construit le matérialisme contemporain. Je ne sais pas si je peux aller plus loin dans ce développement, car j’ignore comment des lecteurs peuvent - mal - recevoir cette compréhension.
En tout cas moi j’adore.
Merci pour cette réflexion profonde.
Je suis preneur de la suite :-)
En tout cas moi j’adore.
Merci pour cette réflexion profonde.
Je suis preneur de la suite :-)
moi aussi Trebor
s’il vous plaît ,développez!
Ma vision des choses est partie d’une constatation clinique.
Première constatation.
Les phobies que je soigne sont maintenant uniquement des mucosités-chaleur qui troublent le cœur. En acupuncture, pas moyen de les guérir, ça on s’en doute ; mais pas moyen non plus de les stabiliser sur du moyen terme, sur quelques mois par exemple. J’appelle les patients souffrant de toutes formes de mucosités au cœur, “les martyres du mental”. Ici, les gui sont puissants, sûrement plus puissants qu’ailleurs, pour faire court : le vide de sang, la dysharmonie bois terre ou le cœur et reins n’ont pas d’échanges.
Deuxième constatation.
Il semble utile de le répéter, tellement l’aveuglement des nos contemporains n’a d’égal que leur orgueil : pratiquement toutes les maladies, aiguës, chroniques, bénignes, graves, organiques, psychiatres, sont en augmentation constante et à tous les âges. Certaines maladies graves sont en augmentation exponentielle (expression médicale même). Certes la science a des résultats rapides et à court terme. Cependant, la succession des générations, leur “arrivage” de plus en plus affaiblit physiquement et psychiquement par toutes sortes de maladies, montre les limites de la science, l’insuffisance de ses paradigmes. Non seulement les maladies existantes augmentent, mais de nouvelles maladies apparaissent. Ce n’est pas le discours qui authentifie ce que je dis, mais l’état du corps des habitants de notre planète. Le corps, en état de destruction, de la terre aussi : c’est d’ailleurs le même.
La science médicale n’est pas directement en cause, elle fait ce qu’elle peut et sûrement avec le désir sincère d’aider. Le problème est la civilisation humaine entière qui vire de plus en plus vers le matérialisme et dont la science n’en est qu’une vision, parmi d’autres, du monde. C’est le matérialisme, l’échec. Toutefois, si la médecine scientifique (MS) ne guérit pas au long terme, … la MC n’y arrive pas non plus. Mais qu’elle est la différences entre les deux ? C’est là que c’est intéressant.
La compréhension de la MS est enracinée dans la conscience du mental pensant, acquis, créé, duel, autonome : la pensée du zangshen indissociable du yin-yang. C’est une compréhension entièrement noyée dans la dualité des choses où rien n’existe son sans contraire. Par exemple, une guérison sans une aggravation ; une disparition d’une maladie (infectieuse par exemple), sans apparition-aggravation d’une autre.
La compréhension de la MC est enracinée dans une autre conscience, originelle, innée, incréée, non-duelle, celle du yuanshen. Certes la MC fait appel au zangshen, mais celui-ci n’est pas autonome, il est consciemment toujours enraciné dans le yuanshen.
Quand on soigne avec un zangshen autonome, on n’agit pas sur la cause primaire, car celle-ci est située au-delà du mental pensant. La cause primaire d’une maladie n’implique pas la relation du zangshen avec le qixue, mais celle du zangshen avec le yuanshen. Or, c’est lors du passage du yuanshen vers le zangshen que les gui se forment ; ils pénètrent alors dans le zangshen et le qixue. Si vous construisez un mécanisme physiopathologique qui considère le zangshen avec le plan suivant, celui du qixue, vous n’atteignez pas le plan précédent, celui des gui. Alors les maladies récidivent, et quand vous en guérissez une, les gui qui sont toujours là, continuent d’agir pour déplacer l’état pathologique. Vous êtes, en effet, toujours dans une relation duelle de guérison (apparente)/récidive (secondaire).
Si vous voulez guérir, définitivement s’entend, sans récidive, il faut faire appel au yuanshen, la seul instance capable de déraciner les gui présents dans le zangshen et le qixue. L’action du yuanshen est un mystère et doit rester comme tel. Nous ne saurons jamais ce qu’il est ni comment il agit, et on s’en fout ! Mais nous savons quelle procédure appliquer pour le faire agir, et ça, c’est génial !
Maintenant, nous avons gravement chuté dans la matière, nous ne savons même pas ce qu’est le yuanshen ni comment faire appel à lui. Mais la grande différence entre la MS et la MC est que celle-ci est claire avec le fait que, pour agir définitivement, elle doit faire appel au yuanshen dans lequel elle s’enracine. En attendant, nous devons continuer d’agir directement sur le corps par n’importe quelle médecine, la plus appropriée, en attendant que le travail qui permette au zangshen de nettoyer ses gui, grâce à l’action du yuanshen, agisse. Il faut faire les deux ! Mais le problème de la MS, est que son autonomie l’enferme dans un aveuglement sans bornes qui lui coupe toute possibilité de se mettre au service du yuanshen, pour lui laisser le temps d’agir.
Est-ce clair ? Je reconnais que ce n’est ni facile au lecteur à comprendre ni facile pour moi à écrire et clarifier.
Merci de vos réactions.
Bonjour Trebor,
Si je saisis bien l’expression yuan shen:
元神 yuán shén Esprit originel.
Pourriez-vous me préciser ce que vous entendez par zang shen ? je n’ai en effet trouvé cette expression nulle part.
Zangshen est la conscience incarnée dans les cinq zang et dépendante des wuxing. C’est la conscience mentale apparente, pensante et émotionnelle, celle qui construit ce que j’appelle la pensée autonome. Elle est yang et se construit par rapport aux gui constituent la partie cachée dans le yin. Nous croyons que nous pensons par rapport à nous-mêmes, mais nous ne faisons rien d’autre que gérer nos gui, sans le savoir évidemment.
Ma vision des choses est partie d’une constatation clinique.
Première constatation.
Les phobies que je soigne sont maintenant uniquement des mucosités-chaleur qui troublent le cœur. En acupuncture, pas moyen de les guérir, ça on s’en doute ; mais pas moyen non plus de les stabiliser sur du moyen terme, sur quelques mois par exemple. J’appelle les patients souffrant de toutes formes de mucosités au cœur, “les martyres du mental”. Ici, les gui sont puissants, sûrement plus puissants qu’ailleurs, pour faire court : le vide de sang, la dysharmonie bois terre ou le cœur et reins n’ont pas d’échanges.
Bonjour Trébor,
Quand tu parles de “mucosités-chaleur” puis de “vide de sang, la dysharmonie bois terre ou le cœur et reins n’ont pas d’échanges”, ce sont ces derniers syndrome qui aboutissent aux mucosités-chaleur ?
tu parles de Xin Gan Xue Xu ?
Autre chose :
Si vous voulez guérir, définitivement s’entend, sans récidive, il faut faire appel au yuanshen, la seul instance capable de déraciner les gui présents dans le zangshen et le qixue. L’action du yuanshen est un mystère et doit rester comme tel. Nous ne saurons jamais ce qu’il est ni comment il agit, et on s’en fout ! Mais nous savons quelle procédure appliquer pour le faire agir, et ça, c’est génial !
C’est quoi la procédure pour faire appel au YuanShen ?
Cher stipe,
Non, les mucosités-chaleur, le vide de sang, la dysharmonie et le non-échanges sont des syndromes différents. Je voulais signaler que les m-c témoignent d’une atteinte plus importante du shen.
Pour faire appel au yuanshen, vous avez toutes sortes de méditations, de mantras, d’hésychasme, de zikr et aussi la psychanalyse, même si elle ne considère pas cette notion, elle la fait agir quand même.
Zangshen est la conscience incarnée dans les cinq zang et dépendante des wuxing. C’est la conscience mentale apparente, pensante et émotionnelle, celle qui construit ce que j’appelle la pensée autonome. Elle est yang et se construit par rapport aux gui constituent la partie cachée dans le yin. Nous croyons que nous pensons par rapport à nous-mêmes, mais nous ne faisons rien d’autre que gérer nos gui, sans le savoir évidemment.
OK, il s’agit donc bien de la relation existant entre le yuan shen et les zang shen ou plus exactement de l’interactivité des deux !
Il y a eu une discussion à ce sujet il y a quelques temps:
http://sionneau.com/forums/viewtopic.php?p=977&sid=17d103059915c600829f8a9de093f382
Quoiqu’en ait dit philippe, je trouve pour ma part que Jacques Lavier a fort bien traité cette approche dans son livre
“Médecine chinoise médecine totale” paru chez Grasset.
Un autre auteur que vous connaissez certainement, H. Stromm, écrit dans “cycles cosmiques en acupuncture traditionnelle”:
“l’homme qui prend pour guide unique son intellect (zang shen si j’ai bien compris), ne pense plus qu’à ses propres intérêts et désirs (le côté terrestre de l’homme), et par là il offense aussi bien autrui que le Dao ce qui amène sa chute. S’il persiste dans son erreur, il devient de plus en plus lié au monde de la matière lourde avec pour conséquence l’arrêt, l’immobilisation (référence aux trigrammes), la maladie et un total laisser-aller. l’homme est conduit inéluctablement vers la mort qui est le retour à la terre de la partie humaine attachée à la matière…...”
Cela va-t-il dans le sens de votre raisonnement ?
Oui, ce que dit Stromm va tout à fait dans le sens de mon raisonnement. Cependant, Stromm écrit un raisonnement philosophique, général, intellectualisé selon les paradigmes de la pensée chinoise ; tandis que je vous décrit un raisonnement terre à terre, directement issu d’une pratique médicale et collant à la réalité de notre monde actuel. Un raisonnement philosophique n’engage personne personnellement, il est plus facile à entendre qu’un raisonnement actuel qui engage chacun de nous dans ce qu’il a de plus intime : sa relation à son propre corps.
Considérer le zangshen découplé du yuanshen fait le lit de la maladie, de la déchéance du corps et de la mort prématurée, ce qui témoigne maintenant de l’augmentation de pratiquement toutes les maladies. Sans doutes ne le savez-vous pas, mais, aux USA, l’espérance de vie diminue et, partout dans le monde occidental, l’espérance de vie en bonne santé diminue aussi.