Pharmacopée chinoise : nos victoires sur la COVID-19

Par Sandra Cavaco, Nathalie Iermann, Florent Béal, Isabelle Zowczak, Philippe Sionneau

Je n’ai cessé de le dire depuis le début du confinement : le COVID-19 est relativement facile à traiter dans les deux premiers stades quand le virus est encore présent et actif. Le traitement est très efficace à condition que l’on utilise la médecine chinoise comme elle a été élaborée il y a 2000 ans. Toute approche symptomatique ou fondée sur des idées préconçues de la maladie amène des résultats lents, faibles, peu convaincants. J’ai donc demandé aux personnes que j’ai formé à la méthode des prescriptions classiques (jīng fāng 经方), d’appliquer à la lettre cette approche et le résultat est là : durant le confinement tous nos patients traités avec cette méthodologie ont eu des résultats rapides et un retour vers la santé sans séquelles.

L’article vise à donner quelques exemples de succès issus de cette approche et provenant de praticiens tous formés par mes soins. Il y en a beaucoup plus, j’ai fait des choix. Il est à noter que ceux qui pratiquent la pharmacopée n’ont pas fermé leur cabinet car ils ont eu la possibilité de soigner grâce à des consultations en vidéoconférence. En outre, pour bien comprendre les commentaires ou diagnostics issus de ces cas cliniques, il faut comprendre qu’ils se fondent sur la méthode des prescriptions classiques (jīng fāng 经方) diffusée dans cette formation. J’engage tous ceux qui veulent passer à un autre niveau de compétence et d’efficacité et se prémunir d’un arrêt de leur activité en cas de nouveau confinement, de venir bénéficier de cet enseignement supérieur. Il est à souligner que les cas que je présente dans cet article ne furent pas tous testés pour savoir si le coronavirus SARS-CoV-2 était présent ou pas. Cependant, ils se sont déroulés au moment du confinement et ont de fortes similitudes avec cette maladie.

1er cas clinique : Quand tes anciens démons t’assaillent…

Le premier cas vient d’une consœur, Sandra Cavaco. Elle a été formée à la méthodologie des prescriptions classiques (jīng fāng 经方) il y a 2 ans. C’est un beau cas qui démontre que lorsque nous acquerons de mauvaises habitudes, il n’est pas toujours évident de s’en défaire ! Heureusement, dans le cas présent, notre collègue ne s’est pas laissée dévier trop longtemps et s’est dirigée vers une démarche diagnostique et thérapeutique plus pertinente. Elle nous décrit son propre cas.

Tout commence le samedi 11 Avril 2020 au réveil. Femme de 44 ans.

6h00 : réveil avec une terrible douleur occipitale que j’ai crue être provoquée par une mauvaise position pendant la nuit. Puis je reste encore au lit et celle-ci se transforme en peu de temps en douleur frontale.

9h00 : Je me lève avec cette douleur, en plus d’une sensation de tête « embrumée ». Je me prépare et je sors faire quelques courses munies de mon masque et de gants plastifiés. Il faisait plutôt chaud et une légère brise soufflait…Quand je rentre le mal de tête se calme en buvant mon café matinal. Mais à ce moment-là je constate une légère douleur de gorge. « Ah ! Cette brise tiède a déjà fait son effet » a été ma première pensée. Je décide donc de couper de suite le mal par la racine en prenant dix pilules de Yín Qiào Jiě Dú Piàn 银翘解毒片 (Comprimés de Flos Lonicerae Japonicae et de Fructus Forsythiae Suspensae pour neutraliser la toxicité), qui est une formule pour les atteintes de la surface de type Vent-Chaleur. Dans l’heure qui suit je constate une diminution du mal de gorge mais je commence à avoir des courbatures musculaires et une sensation de fatigue générale. Me souvenant que c’étaient les symptômes décrits par une amie contaminée au coronavirus (test positif à l’appui) au premier jour de maladie, je me suis dit qu’il n’y avait peut-être pas que la brise de vent tiède de ce matin qui était la cause de mes symptômes. Pour la première fois je pense au coronavirus.

13h00 : je reprends 10 pilules de Yín Qiào Jiě Dú Piàn 银翘解毒片. Au long de l’après-midi les maux de gorge et de tête s’atténuent presque à 100% mais pas le reste.

18h30 : me basant sur les courbatures musculaires, la sensation anormale de fatigue, une obstruction nasale, une légère moiteur du corps et une sensibilité à l’air (vent) je décide de m’administrer une dose de Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) en décoction avec les posologies décrites dans le Shāng Hán Lùn (Traité des lésions du froid), suivie d’un bouillon de légumes. Ensuite, je me mets au lit bien couverte (y compris la tête). Au bout de quelques minutes à peine je constate un dégagement soudain des sinus, comme si mon cerveau s’était libéré de quelque chose. 20 minutes plus tard, une vague de chaleur surgit, suivie d’une transpiration, que j’arrête volontairement quelques minutes après en sortant de dessous la couette puisque l’objectif, provoquer une sudorification, était atteint.

20h00 : Tout n’est pas disparu mais il y a une nette amélioration de l’obstruction nasale, de la fatigue et des courbatures.

21h20 : je reprends une dose de Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) en faisant cuire les mêmes herbes de l’après-midi pour la deuxième fois, suivi d’un petit bouillon. Je me couche et une légère sudorification suit.

Avant de continuer quelques commentaires de Philippe Sionneau :

Les symptômes combinés suivants : courbatures musculaires, obstruction nasale, légère moiteur du corps et sensibilité au vent sont typique d’une maladie qui se nomme dans le Shāng Hán Lùn (Traité des lésions du froid) : tài yáng zhòng fēng (太阳中风) et dont le traitement typique est Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae). C’est pourquoi notre consœur a décidé de prendre ce traitement avec la même posologie décrite dans le Shāng Hán Lùn (Traité des lésions du froid) :

Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) : Guì Zhī 桂枝 (Ramulus Cinnamomi Cassiae) 9g, Bái Sháo Yào 白芍药 (Radix Albus Paeoniae Lactiflorae) 9g, Zhì Gān Cǎo 炙甘草 (Radix Glycyrrhizae Praeparata) 6g, Shēng Jiāng 生姜 (Rhizoma Zingiberis) 9g, Dà Zǎo 大枣 (Fructus Zizyphi Jujubae) 12 fruits.

Le même texte canonique recommande après avoir absorbé cette décoction de prendre une soupe claire de riz afin de soutenir la sudorification recherchée. Car en effet, en cas de lésion de la surface, la stratégie thérapeutique adaptée est la sudorification. Ce n’est ni la purgation, ni la vomification, ni la tonification, etc. C’est pourquoi, elle prend un bouillon qui est l’équivalent à la soupe clair de riz. En outre, elle nourrit les liquides afin d’éviter une possible lésion de ceux-ci à cause de la sudorification. Vous noterez qu’après avoir pris sa décoction et son bouillon, elle va se réfugier sous la couette bien au chaud. C’est aussi une préconisation du maître Zhāng Zhòng Jǐng 张仲景 toujours pour faciliter la sudorification. Et finalement, après l’obtention de cette sudorification, Sandra se met en condition pour ne pas trop prolonger cette transpiration thérapeutique. Pourquoi ? Selon Zhāng Zhòng Jǐng, en cas de tài yáng zhòng fēng (太阳中风), il faut faire transpirer certes, mais éviter une sudation excessive qui aurait pour effets d’empêcher l’expulsion du pervers (inefficacité) ou une lésion des liquides (effets secondaires), voire même induire une aggravation (traitement erroné). On voit là que notre consœur a parfaitement assimilé les préceptes des prescriptions classiques (jīng fāng 经方) enseignés dans l’œuvre majeure qu’est le Shāng Hán Zá Bìng Lùn 伤寒杂病论 (Traité des lésions du froid et des maladies diverses). Voyons la suite du cas.

Dimanche 12 Avril 2020

9h00 : réveil plutôt en bonne forme. Subsiste une légère fatigue musculaire et je constate encore la sensibilité à l’air (vent) avec le nez qui se bouche et se débouche. Je prends une dose de Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) mais cette fois-ci en pilules (12 pilules).

12h30 : tenant en compte que les symptômes du matin, même si à un degré d’intensité moindre, étaient encore présents, et qu’une certaine gêne des hypocondres se manifestait maintenant, je décide de basculer de Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) vers Chái Hú Guì Zhī Tāng 柴胡桂枝汤 (Décoction de Radix Bupleuri et de Ramulus Cinnamomi Cassiae) qui n’est rien d’autre que la combinaison traditionnelle de Xiǎo Chái Hú Tāng 小柴胡汤 (Petite décoction de Radix Bupleuri) + Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) en décoction. Cette formule permet de continuer à expulser le pervers de la surface tout en travaillant simultanément sur le système shào yáng 少阳.

Au coucher : je reprends la deuxième portion de Chái Hú Guì Zhī Tāng 柴胡桂枝汤.

Lundi 13 Avril 2020

Réveil en bonne forme. Plus aucun signe de fatigue ni courbatures, nez et tête bien dégagés. Ayant une maladie du shào yáng comme « compagnon de route » de longue date et sentant encore la sensibilité au niveau des hypocondres et un certain goût amer dans la bouche je poursuis uniquement avec Xiǎo Chái Hú Tāng 小柴胡汤 (Petite décoction de Radix Bupleuri).

Avant de continuer quelques commentaires de Philippe Sionneau :

On constate que la prise du même traitement, Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae), sous forme de pilules au lieu de décoction, n’apporte pas beaucoup d’amélioration. Cela indique que pour les pathologies aigues, la décoction reste la galénique la plus efficace. Si les chinois pendant des siècles ont sélectionné une galénique plutôt qu’une autre selon les situations, c’est toujours dans un but d’efficacité.

Notre consœur, face à une évolution de la symptomatologie, adapte le traitement. En effet, les signes de surface sont amoindris, cependant s’ajoute une gêne de la région thoracique latérale qui est typique de la maladie du shào yáng. Donc comme l’ancien syndrome n’est pas complètement éliminé et qu’il y a une évolution simultanée vers le shào yáng, elle décide de prendre le meilleur traitement dans cette situation, issu à nouveau sur le Shāng Hán Lùn (Traité des lésions du froid) : Chái Hú Guì Zhī Tāng 柴胡桂枝汤 (Décoction de Radix Bupleuri et de Ramulus Cinnamomi Cassiae) qui est une association 50/50 de Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) remède clé du tài yáng zhòng fēng (太阳中风)  et Xiǎo Chái Hú Tāng 小柴胡汤 (Petite décoction de Radix Bupleuri) remède clé du shào yáng 少阳. Cela confirme ce que nous avons beaucoup observé pour la COVID-19, elle commence souvent au niveau de la surface et évolue fréquemment vers le shào yáng, associant les deux niveaux.

Conclusion de Sandra :

Et le coronavirus dans tout ça me demandez-vous ? Le coronavirus, je ne saurais pas vous dire, mais en tout cas le malade ne l’est plus ! Et une question s’impose à moi : « que me serait-il arrivé si rien n’avait été tenté ? ». Une intervention immédiate avec la pharmacopée lors de l’apparition des premiers signes et symptômes de la Covid-19 permet d’empêcher une évolution du pervers vers les couches internes, là où le risque est majeur. Même si la guérison ne se fait pas totalement au niveau de la surface, on minimise au moins sa puissance et on évite un pronostique dramatique.

2ème cas clinique : A la vitesse de l’éclair…

On ne peut pas dire que tous les cas qui s’apparentaient à la COVID-19 durant le confinement furent traités très rapidement. Cependant assez souvent c’e fut le cas. Voici un nouvel exemple proposé par le Dr Nathalie Iermann qui étudia les prescriptions classiques (jīng fāng 经方) il y a 2 ans.

Femme de 45 ans, avec antécédents d’accident vasculaire cérébral sous traitement Kardégic. Cette personne est malade depuis 18 jours au moment où se déroule la 1ère consultation.

Au début, cette patiente présentait un tài yáng zhòng fēng (太阳中风) avec comme symptômes : frissons, fièvre, douleurs articulaires et musculaires, céphalées. Elle souffrait également d’une maladie du tài yīn avec douleurs abdominales, selles molles, hypersomnie, fatigue importante et très probablement d’un début de shào yáng avec aphonie intermittente, brûlures du thorax.

Au moment de la consultation, après 18 jours de maladie, la situation est la suivante : fièvre et frissons, douleurs musculaires, céphalée, brûlure du thorax et dyspnée importante, toux sèche fréquente et surtout hypersomnie (elle dort jusqu'à midi et en plus fait une sieste), aphonie intermittente. En l’absence de traitement la situation est donc assez similaire au début de l’atteinte et se présente comme une maladie combinée tài yáng/shào yáng/tài yīn.

On observe la présence d’une lésion de la surface (fièvre et frissons, douleurs musculaires, céphalée) et le pervers a aussi atteint le shào yáng (brûlure du thorax, dyspnée, toux sèche, aphonie). Le Kardégic a-t-il favoriser la pénétration du pervers (virus) et prolongé sa présence dans le corps ? Le tài yīn 太阴 commence à être atteint aussi car la vitalité est basse (hypersomnie). L’hypersomnie est aussi un symptôme clé du shào yīn. Cependant la présence de fièvre exclut radicalement cette possibilité. C’est pourquoi, l’hypothèse tài yīn est la plus probable par rapport à cette hypersomnie et aussi par le fait qu’elle souffrait au départ de douleurs abdominales et de selles molles.

La prescription choisie est Chái Hú Guì Zhī Tāng 柴胡桂枝汤 (Décoction de Radix Bupleuri et de Ramulus Cinnamomi Cassiae) avec la composition suivante : Chái Hú 柴胡 (Radix Bupleuri) 12g, Huáng Qín 黄芩 (Radix Scutellariae Baicalensis) 5g, Shēng Jiāng 生姜 (Rhizoma Zingiberis) 5g, Bàn Xià 半夏 (Rhizoma Pinelliae Ternatae) 6g, Zhì Gān Cǎo 炙甘草 (Radix Glycyrrhizae Praeparata) 6g, Shēng Jiāng 生姜 (Rhizoma Zingiberis) 5g, Dà Zǎo 大枣 (Fructus Zizyphi Jujubae) 10g, Guì Zhī 桂枝 (Ramulus Cinnamomi Cassiae) 5g, Bái Sháo Yào 白芍药 (Radix Albus Paeoniae Lactiflorae) 5g. Les posologies sont adaptées à la méthode de décoction par pression qui nécésite une posologie moins importante. On recommande 3 doses quotidiennes à partir de la décoction.

Bien entendu, la patiente n’arrête pas le Kardégic, préventif de l’accident vasculaire cérébral.

Résultats :

Le premier jour, elle ne prend la décoction qu'à midi puis à 16h00. Un appel téléphonique pour le suivi permet de déterminer qu’à 18h00, la patiente présente moins de fatigue et le reste des symptômes est identique. Elle prend plus tard sa dernière dose à 22h00 avec une céphalée avant de se coucher (avec une prise de paracétamol qui calme la céphale et pas le reste).

Le deuxième jour, elle se lève à 10h00 au lieu de midi, moins fatiguée. Elle prend 2 doses, une à 10h00 et l’autre à 16h00. Un appel téléphonique pour le suivi permet de constater qu’à 18h00 : plus besoin de sieste, tous les signes de surface ont disparu (fièvre, frissons, douleur musculaire, céphalée), il n’y a presque plus de toux ni de dyspnée, légère brûlure en fin d'expiration au niveau thoracique, disparition de l’aphonie. Elle est même allée faire du vélo avec sa famille alors qu'elle était couchée depuis 18 jours.

Nathalie lui conseille de continuer le même traitement encore 2 jours complets. On aurait pu se passer de Guì Zhī Tāng 桂枝汤 mais la décoction était déjà préparée pour 4 jours (méthode de la décoction avec pression). L’état santé de cette personne redevient complètement normal dans les 2 à 3 jours suivants.

3ème cas clinique : ne pas traiter selon des idées reçues

Bien que plusieurs de nos confrères ont observé que la COVID-19 dans sa première phase était souvent en rapport avec une maladie du tài yáng et/ou du shào yáng, parfois, cette même pathologie peut s’exprimer de manière différente chez certains patients. Cela indique qu’il faut traiter selon le diagnostic que l’on pose et non pas selon des idées préconçues. Le cas de Florent Béal est assez clair sur ce sujet. Il étudia les prescriptions classiques (jīng fāng 经方) il y a 4 ans.

Description :

La patiente a l’impression d’avoir pris froid la veille lors d’une balade. Le lendemain elle se réveille avec un syndrome grippal et dans le contexte actuel elle appelle son médecin qui diagnostique immédiatement une atteinte de la COVID-19. Le lendemain elle envoie à Florent un bilan avec les informations suivantes :

Elle craint le froid et le vent mais n’a pas de fièvre. Elle ne transpire pas. Elle a mal à la tête avec raideur dans la nuque et un écoulement nasal très clair et fluide, ainsi qu’un larmoiement quasi continu. Elle souffre d’agueusie et de douleurs musculaires. Elle a des démangeaisons aux oreilles. Elle dort mal à cause de tous ces symptômes. En outre, elle souffre d’un épuisement qui l’accable et qu’elle nomme le « symptôme principal ».

Interprétation

Florent pense à une maladie combinée shào yīn/tài yīn.

En effet, les symptômes de surface yīn sont notable dans : la crainte le froid et du vent avec l’absence de fièvre, la céphalée avec raideur de la nuque, les douleurs musculaires, le prurit aux oreilles et l’asthénie. En outre, l’absence de transpiration, confirme que nous sommes dans une situation de shào yīn shāng hán (少阴伤寒).

Le tài yīn se voit clairement dans l’écoulement nasal clair et fluide, ainsi que le larmoiement et l’agueusie.

Traitement

On débute par une prescription traditionnelle en provenance du Shāng Hán Lùn (Traité des lésions du froid) : M H X X F Z Tāng (Décoction de…) plus Gé Gēn 葛根 (Radix Puerariae).

M H 6g, X X 6g, F Z 15g, Gé Gēn 葛根 (Radix Puerariae) 12g

A cause de grandes perturbations de transport provoquées par le confinement, le traitement mettra 4 jours à arriver. Pendant ce laps de temps, elle a un pic de fièvre à 39° qui disparaît le lendemain. En outre, des douleurs très fortes sont apparues à l’oreille droite qui reste bouchée et une toux sèche s’est installée. La patiente a rappelé son médecin qui lui a prescrit des antibiotiques. Son conjoint achète ces médicaments mais elle veut d’abord essayer le traitement par les plantes qui arrivent enfin.

Dès le lendemain des 2 premières doses elle se sent mieux. La toux diminue, et elle n’a plus mal à la tête.

Après une journée supplémentaire de traitement la toux a disparu, les douleurs musculaires ne sont pratiquement plus là. Après la 3ème journée de la cure, elle n’a plus mal à l’oreille qui reste bouchée et les douleurs musculaires ont complétement disparues. Le nez est moins obstrué aussi. Cependant quand elle se mouche, elle trouve du sang dans ses mucosités qui restent claires. La fatigue oscille d’un jour à l’autre, mais elle ne reste plus couchée toute la journée comme c’était le cas avant les plantes. Après 6 jours de traitement, tous les symptômes ont disparu totalement à l’exception d’une bonne fatigue qui lui permet juste de sortir de chez elle pour se promener un peu. Elle fut alors par la suite soutenue par d’autres traitements pour accompagner sa convalescence et elle est actuellement en pleine forme.

Commentaire de philippe Sionneau

En France, le monde de la médecine chinoise a tout de suite évoqué pour cette maladie des notions de chaleur plénitude, de toxicité, de sècheresse, etc. sans vraiment essayer d’analyser les patients dans la vraie vie ! Je pense sincèrement que beaucoup confondent maladie virale et chaleur toxique. Influencés par la vision médicale occidentale et le mensonge que la COVID-19 était une maladie très grave, ils ont suivis ou proposés des traitements standardisés et peu adaptés aux nécessités individuelles des patients.

Or, il est FONDAMNENTAL de comprendre que face à un même pathogène, les individus réagissent différemment et ont des manifestations cliniques différentes. Et le bon usage de la médecine chinoise, c’est de traiter le patient selon un diagnostic et non pas selon des idées préconçues ! Ici notre confrère à simplement appliqué la méthode chinoise : diagnostiquer et traiter selon le diagnostic. Cette patiente ne présentait pas de chaleur, de toxicité, de sècheresse etc. Donc inutile d’utiliser des plantes qui agissent sur ces aspects. Elle souffrait de froid vide de la surface, d’une maladie du shào yīn ! Et c’est parce qu’elle a été soignée selon son déséquilibre et non pas des idées préconçues sur le COVID-19 que les résultats furent aussi spectaculaires. Notre confrère a démontré ses compétences et qu’il était un authentique praticien de médecine chinoise.

4ème cas clinique : simple et plus rapide que l'éclair !

Ce 4ème cas nous est présenté par notre consœur Isabelle Zowczak qui a étudié les prescriptions classiques (jīng fāng 经方) il y a 5 ans. Elle fut l’une des premières françaises à avoir étudié directement avec le Dr Féng Shì Lún (冯世纶) à Pékin.

Description

Femme de 39 ans qui présente au moment de la consultation : toux sèche, alternance de sensations de chaleur et de frissons (pas de fièvre), céphalée, gorge sèche, absence de transpiration, pouls rapide (shuō 数), langue rouge, soif avec envie de boire froid, selles molles, nausées, fatigue.

Interprétation

L’ensemble des symptômes peuvent s’expliquer par une maladie du shào yáng 少阳, avec de la chaleur en haut et du vide en bas. En effet, céphalée, gorge sèche, soif avec envie de boire froid, sont des manifestations de chaleur en haut. Les selles molles, nausées, fatigue sont des manifestations de vide en bas. En outre, la fièvre typique du shào yáng est là : alternance de sensations de chaleur et de froid.

Et la toux alors ? Nous avons expliqué dans notre article précèdent Médecine chinoise : Doit-on traiter le Covid-19 ou les patients atteint de Covid-19 ? pourquoi la toux pouvait relever d’un syndrome du shào yáng. Nous vous suggérons de vous y reporter en cliquant sur le lien.

Choix thérapeutique

Fondé sur le diagnostic du shào yáng, il est donc aisé de choisir la prescription qui est la plus adaptée à ce déséquilibre quand il y a une alternance de sensation de chaleur et de froid : Xiǎo Chái Hú Tāng 小柴胡汤 (Petite décoction de Radix Bupleuri).

  • Chái Hú 柴胡 (Radix Bupleuri) 12g,
  • Huáng Qín 黄芩 (Radix Scutellariae Baicalensis) 9g,
  • Dǎng Shēn 党参 (Radix Codonopsitis Pilosulae) 9g,
  • (QING) Bàn Xià 半夏 (Rhizoma Pinelliae Ternatae) 9g,
  • Zhì Gān Cǎo 炙甘草 (Radix Glycyrrhizae Praeparata) 6g,
  • Dà Zǎo 大枣 (Fructus Zizyphi Jujubae) 6g

Résultats :

Après 2 jours de cette simple formule : disparition de la nausée, des selles molles, amélioration de la fatigue. Au bout de 4 jours au total : TOUS les symptômes disparurent y compris la fatigue.

Conclusion de Philippe Sionneau

Quand le syndrome-prescription (fāng zhèng 方证) est juste les résultats sont efficaces et très rapides y compris pour une maladie qui a emprisonné au moins la moitié de la population mondiale pendant 2 à 3 mois. Si le monde occidental était curieux du reste du monde, peut-être que nous aurions pu sauver de nombreuses personnes d’une issue fatale.

5ème cas clinique : COVID-19 confirmé et éliminé en 5 jours !

Ce 5ème cas est issu de ma pratique. J’ai eu la chance d’intervenir au 3ème jour du début de la maladie. La consultation a été faire en vidéoconférence, nous sommes à 1000 km de distance…

Description

Au réveil, le patient présente une quasi impossibilité à se lever avec fièvre, quelques frissons, courbatures, mal de gorge très intense, mal de tête, vertiges, yeux brûlants et piquants. Les symptômes s’installent dans la journée et le patient dort énormément, tout le temps, selon ses dires. Le lendemain, il va consulter son médecin qui lui trouve une tension élevée (17/11) et qui l’envoie aux urgences pour vérifier sa santé cardiaque et pour faire le test de la COVID-19 (qui sera confirmé dans les jours qui suivent). L’interne le libère dans l’après-midi en lui prescrivant du Doliprane.

Le jour de la consultation cette personne présente les symptômes suivants : esprit confus (sensation de brouillard), difficulté à se concentrer, léger vertige, fièvre moins forte que les jours précédents, c’est comme une sensation de chaleur au niveau du corps, mal de gorge quasi parti mais gorge sèche, grosse fatigue, envie de dormir quasi permanente, sentiment d’épuisement, courbatures musculaires dans la région lombaire et la nuque, jambes lourdes, herpès labial, soif plus importante que d’habitude, yeux brûlants, un peu secs et qui piquent, transpiration, nez bouché, assez peu de toux, un peu de démangeaison au niveau du palais.

Interprétation

Encore une fois, nous faisons face à un patient qui tout au début de l’atteinte présentait une maladie combinée tài yáng/shào yáng.

Le tài yáng s’exprime au départ par : fièvre, frissons, courbatures, céphalée.

Le shào yáng est plus discret mais il est quand même là dès le début : mal de gorge très intense, vertiges, yeux brûlants et piquants, grosse fatigue. En effet, le mal de gorge, les vertiges et les yeux brûlants dénotent une chaleur dans le haut et la fatigue un vide en bas.

Ensuite, au moment où nous faisons la consultation, le 20 mai 2020, la symptomatologie confirme que le syndrome tài yáng a diminué et que syndrome shào yáng s’est développé.

Le tài yáng peut se constater à travers : fièvre modérée, sensation de chaleur corporelle, courbatures musculaires, transpiration, nez bouché, démangeaison au niveau du palais.

Le shào yáng peut se constater à travers : léger vertige, gorge sèche, fatigue, envie de dormir, herpès labial, légère soif, yeux brûlants, secs et qui piquent.

La toux et les jambes lourdent peuvent être attribués également à une lésion de la surface voire du shào yáng pour la toux. L’esprit confus et la difficulté à se concentrer peuvent être interprétés comme le résultat de la grande fatigue.

Etant donné que le patient transpire, il s’agit d’un tài yáng zhòng fēng (太阳中风). S’il n’avait pas de transpiration, cela serait un tài yáng shāng hán (太阳伤寒). Comme nous sommes face à une lésion de tài yáng zhòng fēng (太阳中风) assez typique et une maladie du shào yáng dans le cadre d’un gǎn mào 感冒, je décide de choisir la prescription type de ces deux syndromes, respectivement Guì Zhī Tāng 桂枝汤 (Décoction de Ramulus Cinnamomi Cassiae) et Xiǎo Chái Hú Tāng 小柴胡汤 (Petite décoction de Radix Bupleuri). Quand on combine ces deux formules, Zhāng Zhòng Jǐng nomme le remède : Chái Hú Guì Zhī Tāng 柴胡桂枝汤 (Décoction de Radix Bupleuri et de Ramulus Cinnamomi Cassiae). Il s’agit des mêmes plantes, des mêmes posologies.

Le patient reçoit le traitement 2 jours après la consultation initiale. Pendant ces deux jours les symptômes sont tout aussi virulents. Il prend ses plantes le samedi 23 mai. Les symptômes restent identiques.

Le dimanche 24 mai, au réveil, il ressent pour la premier fois une amélioration. Les vertiges et les céphalées qui étaient relativement intense les 2 derniers jours sont beaucoup plus modérés. Les courbatures également ne sont plus présentent que sur les jambes. Les yeux sont moins piquants. Le reste est identique avec des variations dans la journée. La fatigue demeure intense avec une grosse envie de dormir. Comme les résultats sont prometteurs, je suggère de prendre 3 doses par jour de son traitement au lieu de 2.

Le lundi 25 mai, la température a disparu, les céphalées ont quasiment disparu et les vertiges sont très modérés, c’est plus un sentiment de brouillard.

Le mardi 26 mai, le patient avoue que son corps réclame les plantes ! Il dit que c’est une découverte incroyable à chaque fois. Globalement les symptômes sont tous améliorés, la température n’est plus là, ni les céphalées, ni les vertiges. Une seule exception : la fatigue reste intense.

Le mercredi 27 mai, tous les symptômes ont disparu ! Seule la fatigue persiste. Cependant, le patient a pu sortir de chez lui pour marché au soleil, 3 fois 10 minutes. Jusqu’à présent, il ne marchait même pas chez lui tellement il était épuisé et ne pensait qu’à dormir toute la journée. Donc l’amélioration est palpable même sur cet aspect.

Le jeudi 28 mai : situation identique, plus aucun symptôme sauf la fatigue qui s’améliore progressivement.

Donc, l’essentiel de l’infection fut combattu en 5 jours. L’asthénie est toujours présente et sera prise en charge par un autre traitement qui vise à accompagner la convalescence.

Conclusion générale

Ces 5 cas ne sont qu’illustratifs et assez caractéristiques de ce que nos confrères utilisant la méthodologie des prescriptions classiques (jīng fāng 经方) ont observés depuis la crise du coronavirus SARS-CoV-2. Cela confirme les premières constatations que nous avions présentés dans Médecine chinoise : Doit-on traiter le Covid-19 ou les patients atteint de Covid-19 ?

Mes conclusions très personnelles et qui n’engagent que moi (Philippe Sionneau) sont les suivantes :

  1. Si on veut une médecine chinoise efficace, il faut l’appliquer selon ses méthodes spécifiques et ancestrales. Prescrire des plantes chinoise ne fait pas de vous un praticien de médecine chinoise. Ceux qui l’utilisent selon l’influence de la médecine occidentale, de manière symptomatique, sans grande réflexion, sans réel diagnostic, à partir d’une vision étroite du diagnostic chinois, en se basant sur des idées préconçues des maladies, font perdre du temps au développement de cette nouvelle profession en France, en Europe.
  2. La médecine occidentale n’est pas scientifique. J’ai pris conscience de cela durant ces 3 derniers mois de confinement. Je suis lent pour comprendre. En outre, elle est gangrénée par le monde des marchands qui exploite le patient comme une vache à lait directe ou indirecte. Elle se fonde sur le paradigme matérialiste dont on sait qu’il n’est plus valide depuis 30 à 40 ans grâce notamment à la physique quantique. Ce n’est pas la médecine chinoise qui n’est pas scientifique, c’est notre médecine conventionnelle, bien qu’elle le prétende.
  3. La médecine conventionnelle est souvent peu efficace pour gérer les atteintes virales, en tout cas le coronavirus SARS-CoV-2. La médecine chinoise est très efficace, tout au moins pour la COVID-19. Les médecins passent pour des héros alors qu’ils ne sont pas capables de soigner cette maladie. Nous passons pour des charlatans alors que nous traitons la pathologie en quelques jours. Quand le monde médical conventionnel va-t-il arrêter de nous empêcher de travailler, nous praticiens de médecine chinoise, au lieu de collaborer avec nous ? L’intérêt des patients ne devrait-il pas être prioritaire et nous amener à coopérer ?
  4. Je voudrais finir par rendre hommage à la personne qui m’a permis d’atteindre un bien plus haut niveau de compétence et d’efficacité dans mon métier grâce aux prescriptions classiques (jīng fāng 经方), je veux parler du Dr Féng Shì Lún (冯世纶). Qu’il sache à quel point il a changé ma vie. Je voudrais également remercier tous ceux qui m’ont fait confiance et qui pratiquent cette approche de la pharmacopée chinoise en France, au Québec, en Belgique, en Suisse, en Espagne. Je sais aujourd’hui que grâce à eux, l’authenticité de la médecine chinoise classique est préservée.

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