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La physiopathologie de laddiction en médecine chinoise

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Nombre de messages : 39

Rejoint 2022-10-16

Bonjour,

J’ai du mal à comprendre la physiopathologie de l’addiction (tabac, alcool) en médecine chinoise.

Est-ce que l’addiction est une thématique décrite dans les ouvrages classiques ?

Je ne trouve pas beaucoup d’informations sur le sujet. Et la plupart du temps, ça finit soit par parler de détendre le qi du foie ou de tonifier le qi de la rate pour combler l’addiction, et parfois on évoque bi tong (qui, à ma connaissance, n’est utilisée pour l’addiction que depuis quelques décennies).

Dans mon école, cette thématique n’a jamais été approfondie et on nous a présenté un protocole à base de bi tong + 3F-4GI sans développement de la physiopathologie.

Je ne m’attends pas à un cours sur le sujet, mais je suis preneur pour quelques pistes, et également avoir vos expériences/retours sur la manière dont vous abordez l’addiction dans vos cabinets.

Merci d’avance.

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Nombre de messages : 5041

Rejoint 2011-04-13

Kanzakii,

Les addictions sont un sujet intéressant et important à comprendre car de plus en plus de personnes en souffrent. Il suffit de voir la consommation industrielle de drogue dans le monde, en Occident, en Europe, en France. Cela en dit long sur le mal être profond de nos sociétés modernes, scientistes, mécanistes et nihilistes. Je n’accuse personne, je fais un simple constat.

Dans les textes classiques de la médecine chinoise, on ne parle pas des addictions. On parle au mieux de la gestion des effets secondaires d’un excès d’alcool.

bí tōng (鼻通) + F 3 (tài chōng 太冲) + GI 4 (hé gǔ 合谷) sont valables pour une addiction au tabac avec en fond une surpression du foie, et pas pour les autres addictions.

Il faut comprendre que l’addiction est une réponse à un déréglément émotionnel. Elle est là pour atténuer, apaiser l’émotion qui en est à l’origine. Donc il faut analyser avec le patient, ce qui est derrière : mal être, anxiété, peurs, angoisse, dépression, frustration, sentiment d’humiliation, etc., etc. etc.

Avec ce constat et les symptômes généraux que manifeste le patient, vous pouvez adapter votre traitement afin qu’il réponde aux déséquilibres du patient. Il faut traiter le patient selon ses besoins et non pas avec les aprioris que l’on a de la pathologie dont il souffre. En d’autres termes, il faut rester dans le réel, et non pas dans l’imaginaire.

Penser que l’addiction est systématiquement provoquée par une surpression du foie [F 3 (tài chōng 太冲) + GI 4 (hé gǔ 合谷)] est très, trop simpliste. Avec ce gendre d’idée, on tombe à côté régulièrement.

J’espère que ça vous donnera des pistes de réflexion et de travail. 

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Rejoint 2022-10-16

Bonjour,

Merci pour cette réponse complète.

Penser que l’addiction est systématiquement provoquée par une surpression du foie [F 3 (tài chōng 太冲) + GI 4 (hé gǔ 合谷)] est très, trop simpliste. Avec ce gendre d’idée, on tombe à côté régulièrement.

J’espère que ça vous donnera des pistes de réflexion et de travail.

C’est effectivement ce vers quoi j’ai orienté ma pratique dans le cadre de l’addiction.
Plutôt que d’appliquer le même protocole systématiquement, je choisis mes points en fonction du syndrome sous-jacent et du tableau global de la personne.

Votre réponse me conforte (et me rassure) dans ma pratique actuelle.