Femme 73 ans / Consulte pour des crises de diarrhées chroniques depuis 20 ans.
Les crises de diarrhées sont régulières toutes 1 à 2 semaines et peuvent durées 48 à 72 heures.
Elles arrivent le soir au moment du coucher et sont précédés de spasmes intestinaux avec des douleurs en coup de couteau et des picotements.
Les selles sont d’abord normales, puis deviennent de plus en plus liquides avec des aliments non digérés dedans. Elle va à la selle environ 4 fois avant que ça se calme.
La patiente n’est pas capable de dire si les selles sont brûlantes mais elles sont irritantes.
Elles sont accompagnées d’un fort mal de tête situé au niveau de l’occiput.
A remarqué que les crises sont plus fréquentes, lorsqu’elle mange des crudités, du melon, des glaces.
A eu une opération il y a 10 ans pour lui retirer 50 cm de colon mais ça n’a rien amélioré.
Symptômes associés :
• Frileuse, avec les pieds froids.
• Douleurs lombaires de temps en temps qu’elle décrit comme une douleur de type pincement au niveau du rein.
• Sensation de nez bouché en permanence, avec aucune matière quand elle se mouche.
• S’enrhume facilement.
• Bouche sèche mais sans goût particulier qui l’oblige à boire régulièrement. Elle est attirée par les boissons froides.
• Entre les crises de diarrhées, il lui arrive d’être constipée.
• Sujette régulièrement à des crises de cystite.
• N’a pas de douleurs, ni brûlures d’estomac, ni régurgitations acides.
• Ne transpire pas mais a de temps en temps des bouffées de chaleur qui s’accompagnent d’oppression et lui coupent la respiration.
• A souvent des vertiges (légers) et la tête comme dans du coton.
• Dit ne pas avoir de sensations de lourdeur du corps.
• Pas de nycturies
• Urine 6 à 7 fois dans la journée, non rapproché et pas plus à une heure de la journée.
• Arthrose au niveau des pouces, sans déformation mais avec fortes douleurs en quasi continu + sensations de brûlures.
• Audition : RAS
• Odorat : RAS
• Pas d’aphtes ou très rarement
• Pas d’information sur le pouls ni la langue car diag au téléphone pour une amie. Aucune possibilité de la recevoir en « face to face ».
Diagnostic
Tai Yin (froid et mucosités) => sensation de nez bouché, frilosité, mains froides, douleurs lombaires, lourdeurs de la tête, vertiges, mal de tête au niveau de l’occiput au moment des crises.
Tai yang ou shao yin ?=> douleurs articulaires, je dirai plutôt Shao yin car elle n’a pas de transpirations.
Yang ming ? => bouche sèche est-elle Yang Ming car = le seul symptôme.
Questions :
Je n’arrive pas à déterminer de façon clair l’origine des diarrhées Yang Ming ou Tai yin / froid ou chaleur
Est-ce les mucosités qui en stagnant créent la chaleur ou une chaleur Yangming ?
Le froid (ingestion d’aliments froids) aggrave la situation, donc si je clarifie la chaleur du yang ming en prescrivant des SM type Shi gao, je risque d’aggraver le problème.

Si c’est un Shao yin/Yang Ming/Tai yin :
Je propose Er Jia Long Gu Mu Li Tang + Zhi mu (formule shao yin – yang ming) + Fu Zi (pour réchauffer le froid) + Mu Fang ji (pour les mucosités internes. Pour les mucosités qui stagnent dans les articulations et éliminer la douleur).
Un grand merci par avance pour vos avis.

Tu es mal tombée !!!
Tu as mis ton cas au moment où on allait en Chine ou d’autres sont partis en vacances !!!
Est-il toujours d’actualité ? Si oui, peux tu réactualiser las symptômes ?

Bonjour Philippe,
J’avais vu sur un de tes commentaires que tu partais en Chine, je n’ai donc pas été étonnée de ne pas avoir de réponse.
Le cas est toujours d’actualité, car je n’arrive pas à déterminer de façon clair l’origine des diarrhées Yang Ming ou Tai yin / froid ou chaleur.
Je n’ai pas voulu prendre le risque de lui donner une prescription qui ne soit pas adaptée.
Merci par avance pour ton aide.

Mon analyse est la suivante. La diarrhée elle-même est sans ambiguïté en relation avec un froid vide du tài yīn. La lientérie est typique. C’est conforté par la frilosité et les pieds froids. La douleur aigue est considérée dans les prescriptions classiques (jīng fāng 经方) comme provenant d’une stase de sang ou encore par un syndrome de la surface. Et étant donné qu’il n’y a pas d’autre signe de stase de sang, et qu’en revanche, nous avons les céphalées durant la crise, la lombalgie, le nez bouché fréquent, il est fort probable que nous soyons dans la situation d’une maladie du tài yáng (car le froid vide en surface n’est pas assez notable pour impliquer un shào yīn). je pense immédiatement à une prescription de la famille de Guì Zhī Tāng 桂枝汤 à cause notamment de la présence de Bai Shao Yao qui harmonise le yíng qì 营气 et le wèi qì 卫气 d’une part et qui traite la douleur abdominale spasmodique. Les vertiges et la tête dans le coton sont typiquement associés à des mucosités dans le cadre d’un bēn tún. Précisément, c’est une surface non résolu (qui traîne comme ici) qui fait monter les mucosités vers la tête.

Si on se tient là, nous avons une maladie combinée tài yáng/tài yīn avec les mucosités. On peut alors se diriger vers Guì Zhī Tāng 桂枝汤 pour traiter tài yáng, Líng Guì Zhú Gān Tāng 苓桂术甘汤 pour traiter le bēn tún et Shèn Zhuó Tāng 肾着汤 pour traiter davantage tài yīn. Au final, cela ne donne pas une prescription avec beaucoup de substances médicinales. Nous aurions Gui Zhi, Bai Shao, Zhi Gan Cao, Da Zao, Sheng Jiang, Fu Ling, Cang Zhu, Gan Jiang. Nous avons les deux gingembres. Comme la diarrhée est la plainte majeure, j’opterais pour Gan Jiang et omettrais Sheng Jiang.

Cependant, et sans doute sans relation avec la diarrhée, il y a les bouffées de chaleur avec sensation d’oppression ainsi qu’une bouche sèche. Si les bouffées de chaleur sont suivies de sensation de froid important. C’est très probablement un jué yīn et dans ce cas, l’orientation du traitement doit être modifier car en cas de jué yīn, il n’est plus adapter de favoriser une sudorification. Dans ce cas, c’est Chái Hú Guì Zhī Gān Jiāng Tāng 柴胡桂枝干姜汤 éventuellement associé à Líng Guì Zhú Gān Tāng 苓桂术甘汤 qui serait plus adapté.

Il faut évaluer chez cette patiente le niveau de faiblesse de ses liquides internes et sa vitalité générale. En d’autres termes, il faut évaluer la gravité de son jué yīn. Si ce syndrome n’est que peu apparent et ponctuel, je me dirigerais vers le premier traitement. J’espère que ça éclairera tes choix.