La phytothérapie chinoise moderne

Dans Phytothérapie chinoise

Par Philippe Sionneau

Il n’est pas habituel de mettre l’avant-propos d’un livre, "La phytothérapie chinoise moderne" dans les articles à visée professionnelle. En fait, cette introduction aborde de nombreux aspects essentiels en rapport avec la pratique de la pharmacopée chinoise : le rapport médecine chinoise/médecine occidentale, le danger réel de la phytothérapie chinoise, la posologie, la présentation, la qualité des substances médicinales dans notre pratique occidentale, l’usage d’une technique chinoise dans une culture européenne (problème du goût, des effets secondaires, des techniques de décoctions, de la forme galénique des remèdes…), de la formation des phytothérapeutes chinois, l’hostilité et le manque de professionnalisme d’une grande part des écoles envers la pharmacopée chinoise, etc. Ces informations sont capitales pour tous ceux qui veulent y voir plus clair sur la situation et la pratique de la pharmacopée en Occident.

Que cherche à promouvoir ce livre ?

Contrairement à ce que voudraient faire croire certains, la médecine chinoise demeure une tradition vivante et active. Si actuellement en Chine l’acupuncture souffre de certaines lacunes qui sont, à mon sens, momentanées (1) , en revanche pour la “ pharmacopée chinoise (2) ” il en va tout autrement. En effet, il existe un véritable courant d’innovation et de créativité qui s’appuie le plus souvent sur les données traditionnelles pour mieux traiter l’homme moderne. Ces praticiens, ces chercheurs, ont mis au point un grand nombre de nouvelles formules qui grâce à leur efficacité ont rendu et pourront rendre service à de nombreux patients.

Les formules présentées dans cet ouvrage sont fondées sur l’expérience clinique de médecins contemporains et ont toutes fait leurs preuves en pratique. Elles sont à la pointe de la recherche médicale chinoise et reconnues comme telles. Ce livre tente d’être un témoignage de la manière dont les Chinois utilisent leur médecine traditionnelle dans notre époque moderne. Les formules sont composées selon les paramètres de la pharmacologie et de la science actuelle [exemple : Fructus Crataegi (Shan Zha) fait baisser le taux de cholestérol] ou bien sur une réorganisation, une adaptation de principes thérapeutiques anciens et traditionnels (exemple : combinaisons de formules anciennes, modifications de prescriptions traditionnelles…). Les innovations chinoises contemporaines sont extrêmement nombreuses. La sélection n’a donc pas été toujours facile. J’ai cependant essayé de retenir les formules dont les résultats sont particulièrement spectaculaires et qui ont quelque chose d’original. Ce livre n’a donc pas la prétention d’être exhaustif. Il est seulement le témoin de mes dernières recherches en la matière. J’espère bien compléter celles-ci par de nouveaux apports. Certains de nos patients attendent et souffrent, nous avons le devoir de lutter pour eux.

Quelles sont les sources de ce travail ?

Ayant un esprit de synthèse, de compilateur, j’ai comme d’habitude utilisé beaucoup d’ouvrages chinois pour écrire celui-ci. Toutefois, je me suis particulièrement inspiré de deux livres qui m’ont d’ailleurs donné l’envie de faire partager ces idées nouvelles. Le premier s’intitule “ Zhong Yi Zhi Liao Xian Dai Nan Bing Ji Cheng ” (synthèse des traitements de médecine chinoise pour les maladies difficiles de notre époque moderne) écrit notamment par Zhang Ren. Comme son titre l’évoque, il présente une synthèse intelligente sur le pouvoir thérapeutique dont dispose la médecine chinoise pour traiter les pathologies “ modernes ”. A la fin de chaque trouble étudié, sont présentées des formules d’invention récente qui ont prouvé leur efficacité. C’est ce type de livre qui me fait penser que, contrairement encore une fois à ce que disent certains, la médecine chinoise n’a jamais été aussi performante. Le deuxième ouvrage de référence est “ Shi Yong Zhong Yi Xiao Yan Xin Fang Da Quan ” (traité pratique des nouvelles formules efficaces en médecine chinoise) de notamment Yang Jing Hai. Il s’agit d’une compilation d’articles tirés des meilleures revues médicales chinoises qui présentent régulièrement les travaux et les résultats cliniques de célèbres praticiens. Assez fréquemment les auteurs des articles sont les inventeurs de la formule. Parfois, il ne s’agit que de celui qui a appliqué la prescription. Je n’ai inventé ni modifié aucune formule.

Quelle est l’origine des commentaires ?

Les commentaires sont parfois inspirés par les articles, mais le plus souvent ils sont personnels. Car généralement les explications des revues médicales chinoises me paraissaient “ trop chinoises ” ou trop insuffisantes, parfois inexistantes, pour que le lecteur occidental puisse apprécier à sa juste valeur le mécanisme subtil ou l’intérêt des formules. En outre, j’ai voulu dans cette section exprimer mes idées, mon expérience concernant la pratique de la pharmacopée chinoise. Il ne s’agit donc pas d’une simple traduction fade et sans âme. La présentation de ces formules prend toute sa valeur dans les commentaires où j’explique leur mode de fonctionnement et leurs particularités. J’encourage les praticiens à bien comprendre la philosophie des remèdes avant de les prescrire. L’usage symptomatique de ceux-ci serait une aberration. Comme cet ouvrage n’est pas destiné à être un traité de médecine interne, j’ai assez peu développé les maladies selon leurs causes, leurs mécanismes pathologiques, leurs symptômes. J’ai choisi de me concentrer davantage sur les fonctions des substances médicinales et l’esprit des prescriptions. Ceux qui souhaitent approfondir le diagnostic et la physiopathologie des maladies sont invités à parcourir : « Pharmacopée chinoise & acupuncture », mais aussi la série « Maladies et symptômes en médecine chinoise », de Ph. Sionneau – Guy Trédaniel Ed.

Les formules modernes : trahison ou progrès ?

Certains pourraient dire que le thème de ce livre est une trahison par rapport à une tradition millénaire. Je verrais plutôt cette approche comme une confirmation du savoir ancestral par des moyens modernes ou des observations contemporaines. Cette attitude n’est finalement pas nouvelle. En effet, Zhang Cong Zheng (1150-1228) l’un des quatre grands maîtres de la dynastie Jin/Yuan affirmait : “ les recettes d’autrefois ne peuvent pas soigner complètement les maladies d’aujourd’hui ”. A la même époque Zhang Yuan Su (dynastie Jin) qui fut le maître de deux grands novateurs (Li Dong Yuan, le chef de file de l’école de la rate, auteur du Pi Wei Lun et Wang Hao Gu auteur du Tang Ye Ben Cao), évoque clairement dans son Yi Xue Qi Yuan (Exposé d’enseignement médical), l’idée que les prescriptions de jadis et les maladies d’aujourd’hui ne sont pas en harmonie. Nous pourrions également citer Wu Yu Ke (1592-1672) qui était davantage critique face à la sclérose intellectuelle et au conservatisme borné de ses confrères : “ Quand on cherche des conseils pour des maladies actuelles dans les vieilles écritures, il n’y a aucun mot qui donne une certaine lumière sur les problèmes d’aujourd’hui. Pour cette raison les médicaments sont inefficaces, (…), les maladies s’empirent, l’utilisation des remèdes est de plus en plus chaotique, et si l’affliction elle-même n’est pas mortelle, les actions des médecins le sont ”. Rappelons qu’il vit mourir ses contemporains d’épidémies que ses confrères tentaient de traiter selon des procédés anciens inappropriés. Ceci signifie que l’adaptation des principes anciens n’est pas une trahison mais une nécessité clinique. En ce qui me concerne, plutôt que de faire de la philosophie, je préfère tenter de soigner ou de soulager des gens qui souffrent. Je recherche donc avant tout l’efficacité. Or, l’apport actuel des médecins chinois est précieux, pragmatique et performant. Et même si cette attitude est loin des idées romantiques que certains nourrissent, au final, en médecine, c’est celui qui oriente le patient vers la guérison qui est sur la bonne voie.

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Les traitements chinois sont-ils les ennemis de la médecine moderne ?

Ces formules ne cherchent pas à se substituer aux traitements médicaux moléculaires lorsque ceux-ci sont nécessaires. Elles cherchent plutôt à les compléter, à les renforcer ou bien à proposer des solutions lorsqu’il n’en existe pas en médecine occidentale. Je ne milite pas pour l’exclusion d’un système ni ne souhaite remplacer un dogmatisme par un autre. Je crois à l’ouverture, au respect mutuel et finalement à la complémentarité de différentes techniques médicales, ce dont les patients seraient les premiers bénéficiaires. Plus j’approfondis mes connaissances en médecine chinoise, plus je prends conscience de l’étendue de son pouvoir thérapeutique mais aussi plus je respecte la médecine occidentale malgré ses nombreux égarements (3) .

Par ignorance, par lâcheté, par intolérance, par intérêt commercial, la pharmacopée chinoise est souvent la proie d’attaques calomnieuses. Sans aucune preuve scientifique, on lui rapproche d’avoir provoqué certains effets secondaires irréversibles chez quelques patients alors que chaque année des centaines de milliers de personnes à travers le monde meurent ou tombent malades des excès de notre toute jeune médecine.

Dans une enquête nationale de prévalence des infections noscomiales publiée par le Ministère du Travail et des Affaires Sociales (Direction générale de la Santé), réalisée en 1996 et portant sur l’ensemble des établissements publics & assimilés français, (830 établissements ont participé à l’étude qui a inclus 236 334 patients), le taux de prévalence moyen de patients infectés était à 6,6% (Taux maximal dans les CHR : 7,6 %). En clair, vous avez une chance sur 15 de contracter une infection nosocomiale en étant hospitalisé en France ! (Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 36 - 1997).

Deux autres études dont l’origine provient du système national de pharmacovigilance de l’agence du médicament (France) nous renseignent sur la iatrogènie.
1- Etude de faisabilité sur 1 jour ouvrable pour évaluer la prévalence de la iatrogénie établie sur 31 centres hospitaliers régionaux et 2132 patients. Résultats publiés en novembre 1997. Prévalence des effets indésirables des médicaments : 10,3%, soit 221 patients sur 2132. Sur ces 221, 33% correspondaient à des effets indésirables graves, soit 73 patients ! 1,4 % de ces effets ont été la cause probable d’un décès. Citation extraite du texte de l’étude : « Les taux d”incidence instantanée calculés permettent d’estimer (en extrapolant à 365 jours & à l’ensemble des lits occupés) le nombre d’effets indésirables survenant en hospitalisation publique sur une année, soit un nombre total estimé à environ 1 300 000 malades hospitalisés dans les hôpitaux publics français présentant chaque année au moins un effet indésirable. »

2- Etude prospective multicentrique (commandée à la suite des résultats catastrophiques de la première). Durée 14 jours en 1998 sur un échantillon représentatif des services de spécialités médicales des hôpitaux publics français (2 mars au 20 avril 1998). Concerne : 62 services de médecine ou de spécialité tirés au sort répartis dans 33 hôpitaux. Parmi les 3137 malades hospitalisés 100 l’ont été pour effets indésirables, ce qui représente un taux d’incidence de 3,19 %. Citation extraite du texte de l’étude : « La projection des données recueillies compte tenu des 4 000 000 d’admissions annuelles dans les services de spécialités médicales en France métropolitaine permet d’estimer le nombre des hospitalisations motivées par un effet indésirable médicamenteux à environ 128 000 par an (intervalle de confiance : 101 000 à 156 000). »

Les résultats de la première étude sont peut être exagérés et ceux de la deuxième probablement sous-estimés (selon quelques amis médecins). En tout cas, il est clair qu’en terme de iatrogènie, la médecine occidentale n’a pas de leçon à donner à la médecine chinoise.

Il est clair que les marchands tentent de nous manipuler. La phytothérapie n’en reste pas moins le vrai trésor de la médecine chinoise qui se révélera probablement très bientôt un complément indispensable à médecine occidentale. Et ceci malgré les efforts soutenus des lobbies pharmaceutiques. Mais ces grands manipulateurs ne sont pas les seuls à malmener cet art médical en France ou dans certaines autres nations européennes. Dans la quasi totalité des pays occidentaux, les futurs praticiens en médecine chinoise sont très mal formés. Dans la plupart des écoles, on prétend enseigner en 18 week-ends ce que les Chinois mettent de cinq à sept ans à apprendre à temps complet ! De plus, la pharmacopée chinoise ne laissant pas de place à l’amateurisme ou aux interprétations personnelles, peu d’enseignants sont aujourd’hui suffisamment compétents pour véritablement professer cet art en occident (4). De ce fait, consciemment ou non, ils véhiculent une image défavorable à la pharmacopée : “ c’est trop difficile à apprendre…, les gens n’aiment pas…, c’est fait pour les Chinois…, les plantes chinoises ne sont pas disponibles ou sont dangereuses…, ” etc. En parallèle il existe quelques formations très simplifiées, simplistes même, qui se contentent de produire de médiocres prescripteurs de pilules qui ne savent pas vraiment ce qu’ils font. Aurais-je une vision trop critique de ce petit monde ? Elle est malheureusement simplement conforme à la réalité que n’importe qui peut découvrir. Bien entendu cette attitude prévaut généralement plutôt dans les milieux de “ non-médecins ”. Car malheureusement, en France, les médecins acupuncteurs qui avaient commencé à s’intéresser avec enthousiasme à la matière médicale chinoise ont presque tous fait marche arrière face à la toute puissance du conseil de l’ordre qui leur a imposé de ne plus toucher à ce type de remède. Que penser de l’attitude de ces deux partis ?

En tout cas aujourd’hui, alors que des centaines de milliers de patients pourraient trouver une solution à leurs problèmes grâce à cette thérapeutique millénaire, éditer un livre sur la pharmacopée chinoise se révèle être d’avance un échec éditorial. Pourquoi autant de frilosité alors que de l’autre côté de l’Atlantique, pays occidental, il est aussi naturel d’absorber des plantes chinoises que de faire de l’acupuncture ?

Il est temps que notre profession, si toutefois elle veut prétendre à ce titre, prenne ses responsabilités et qu’elle ait une pratique digne de ce nom. Si nous pouvons pardonner les errements des débuts, nous devons maintenant passer à une autre étape : celle du professionnalisme. Nous ne pouvons pas d’un côté critiquer des carences de la médecine moderne, nous plaindre de l’incrédulité du public et rester nous-mêmes de médiocres amateurs de médecine vaguement sinisante. Nous sommes la génération qui a pour responsabilité l’éclosion ou la marginalisation de cette médecine en Europe. L’éclosion, si elle arrive, devra passer par une modification radicale de la formation et de l’augmentation de l’exigence des étudiants.

Le cruel problème des posologies et de la pratique orthodoxe de la pharmacopée chinoise

Dans ce livre, pour les décoctions, sauf indication contraire, les posologies sont données pour un adulte, de poids moyen. Elles correspondent à la quantité journalière de plantes utilisées pour faire 1 à 3 décoctions dans la journée (matin et/ou midi et/ou soir).

Nous pourrions à la lecture de la composition des formules être choqués par des posologies si élevées. Il est vrai qu’en comparaison de la pratique actuelle d’une majorité d’occidentaux, elles peuvent surprendre. Nous utilisons en général dans le meilleure des cas environ l’équivalent décoction de 30g/jour alors que les Chinois utilisent rarement moins de 100g, sachant que 150g, 180g ou 220g sont monnaie courante pour traiter des maladies chroniques rebelles telles que nous avons dans nos cabinets.

Après quelques années de pratique, j’ai pris conscience qu’une partie de mes échecs provenait non pas d’un défaut de diagnostic mais de l’utilisation de posologies trop faibles. En les augmentant sensiblement, j’ai certes fait monter un peu les effets secondaires (à 99% ils sont digestifs et momentanés : nausée, flatulence, perte d’appétit, ballonnement, selles molles) mais aussi très nettement la performance des traitements. Je ne suis absolument pas contre l’usage des plantes concentrées [C.P. (5)] ou des pilules de laboratoire (6) . Mais le plus souvent les quantités utilisées sont très en-dessous de la dose thérapeutique. Avec celles-ci, nous tombons alors dans le 40% d’effet placebo que n’importe qui peut obtenir en prescrivant de l’eau sucrée. Je ne dis pas que nos patients occidentaux aient forcement besoin des mêmes quantités de plantes que nos amis Chinois. Ayant souvent des produits de meilleure qualité nous pouvons nous permettre de prescrire moins. Oui, mais “ moins ” ne veut pas dire “ trop peu ”.

N’oublions pas que beaucoup de nos patients viennent nous voir après l’échec de la médecine conventionnelle et qu’ils souffrent très souvent d’une intrication complexe de syndromes. En moyenne chacun exhibe au moins cinq syndromes. Il est habituel de donner au minimum deux substances médicinales par déséquilibre. Cela fait donc ici dix ingrédients différents. En général la quantité des remèdes se situe vers 10g/jour parfois moins et surtout parfois beaucoup plus. Bref, si nous voulons rester simples cela fait donc un total minimum de 100g en décoction (ou équivalent décoction par jour). Bien entendu, nous pouvons adapter ces quantités aux besoins et aux habitudes de nos patients mais ce que je veux dire, c’est qu’au-dessous d’une certaine limite, nous restons dans l’effet placebo, dans la suggestion et non pas dans l’acte thérapeutique.

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On pourrait alors m’objecter :

1- Oui, mais avec ces doses, les patients ne vont pas supporter le goût, ni l’odeur !
Les patients s’éduquent. Si quelqu’un n’est pas capable de prendre une décoction uniquement parce que cela dérange son palais, alors la médecine chinoise ne peut rien pour lui. Et lui donner une pilule lustrée et édulcorée de Lan Zhou consiste alors à le maintenir dans la paresse active qui est peut être la cause numéro un de sa maladie. Ce n’est pas ça faire de la médecine chinoise. La première cause d’échec à cause du goût (7) est la manière de penser du prescripteur. Si vous savez ce que vous faites, si vous connaissez le goût mais aussi les résultats que va obtenir le patient, si vous êtes vous-même convaincu du bien-fondé de la prescription, si finalement il n’y a pas de doutes et de toile d’araignée qui encombrent votre esprit, alors vous aurez la force intérieure pour convaincre spontanément votre patient de la nécessité de faire un effort pour participer activement à son traitement. Plus le praticien est conscient de ce qu’il fait, moins les patients rechignent à faire ce qu’il faut faire.

2- Oui, mais avec ces doses, nous augmentons les effets secondaires !
Il n’existe pas de médecine efficace sans risque. Les médecines prétendues sans effets secondaires relèvent pour moi de l’ordre du mythe. Plus une médecine est efficiente plus elle est potentiellement dangereuse lorsqu’elle est mal employée (8). En effet, la pharmacopée chinoise comporte certains inconvénients. Cependant une pratique plusieurs fois millénaire a permis de connaître avec précisions ces dangers. La médecine chinoise connaît et maîtrise parfaitement les effets indésirables de ses médicaments . Une nouvelle fois c’est l’ignorance et l’inconscience qui font des malheurs. Lorsqu’on est bien formé, dans 99% des cas, les effets secondaires observés, et ils sont très loin d’être systématiques, sont d’ordre digestif (ballonnement, perte d’appétit, nausée…). Même ceux-ci sont très souvent maîtrisables avec une modification de la prescription. La médecine chinoise se révèle en définitive très efficace et très peu iatrogène, à condition de bien la connaître et de la pratiquer professionnellement. Le risque avec la pharmacopée chinoise réside davantage dans la prescription de substances inadaptées au patient plutôt que dans les plantes elles-mêmes. Là encore, c’est une bonne formation qui permet d’éviter tous ces écueils et de rendre service aux patients de manière réelle et objective sans les malmener.

3- Ce que vous dites est exagéré. J’obtiens de très bon résultats avec les C.P. et les pilules avec les posologies que vous dénoncez ”.
Bien entendu ! Depuis que je pratique la médecine chinoise, j’ai rarement rencontré des praticiens avouant les limites de leur art ou leurs échecs, à tel point qu’au début de mon activité, j’ai eu l’impression d’être le seul au monde à avoir des échecs. Soyons clairs : d’abord, une fois de plus, n’importe qui ayant le statut de soignant peut obtenir 40 % de bons résultats avec n’importe quoi, même avec un acte ou un remède non actifs physiologiquement. C’est ce qui s’appelle l’effet placebo, et c’est la raison pour laquelle les études médicales scientifiques suivent une procédure dite “ en double aveugle versus placebo ”. Il est reconnu aujourd’hui que même l’acte chirurgical est placé sous la loi de la suggestion placebo. Ensuite, l’art médical ne consiste pas à faire croire aux patients qu’on va les guérir mais à les guérir. Il consiste à aller au-delà de l’effet placebo. Les gens qui prétendent obtenir des résultats fantastiques avec des posologies et des produits faiblement actifs ne sont pas objectifs par rapport à leur pratique. Chaque fois que j’ai sollicité “ l’expérience ” de ces personnes, les résultats ont été médiocres, voire inexistants. Pour faire vraiment de la médecine, la première qualité est de connaître ses limites, de savoir où est son ignorance, d’être conscient de ce que l’on fait. Notre profession n’est pas dans une position de force lui permettant de prétendre n’importe quoi. Même si d’année en année nous augmentons nos compétences, globalement notre expérience est faible comparée aux besoin générés par la complexité de l’être humain. Pour le moment, sans dénigrer notre propre observation, nous devons encore nous appuyer en grande partie sur ce que font les créateurs de la médecine chinoise, c’est-à-dire les médecins chinois. Or, pour eux il est inimaginable d’aider des patients souffrant de maladies complexes (les plus courants dans notre pratique) avec quelques grammes de pilules, de poudres concentrées ou de plantes entières.

Il existe à mon sens en Europe un autre obstacle à la pratique orthodoxe de la pharmacopée chinoise : le coût des remèdes et le non-remboursement des soins. Chez nous les plantes coûtent trop cher et ne sont pas remboursées. Il devient alors difficile de respecter des posologies aussi élevées que le font les Chinois. Aux USA où je vais enseigner régulièrement, les substances médicinales sont trois fois moins chères. Pourquoi ? Plus de gens sont réellement formés. Il existe donc plus de prescripteurs. La consommation est plus importante donc l’importation est moins chère… C’est une question d’offre et de demande. A nouveau, lorsque notre marché comportera davantage de vrais prescripteurs, les prix diminueront et nous pourrons offrir à davantage de patients les services de cette fantastique médication.

Si la France était décidée à respecter la loi européenne “ anti-monopole ”, elle serait obligée d’accepter le principe de l’assurance privée. Or, si on en juge à ce qui se passe un peu partout en Europe, la Suisse en tête, la majorité des grands groupes d’assurances est intéressée à proposer des contrats où les soins de médecines non conventionnelles sont remboursés. Le font-ils par démagogie et pour perdre de l’argent ? Je ne crois pas que les assureurs soient des altruistes ou des entreprises de charité. S’ils sont motivés pour développer ce marché, c’est qu’il devient de plus en plus évident que ce type de soins permet au contraire de faire des économies tout en étant jugé efficace par les consommateurs, et ceci sans entraver les prérogatives de la médecine occidentale. Le remboursement des traitements de pharmacopée chinoise, permettrait aux authentiques professionnels d’aider une multitude de patients notamment sur les maladies difficiles à traiter en médecine occidentale.

La phytothérapie chinoise possède des solutions thérapeutiques que les autres médecines naturelles ou moléculaires n’ont pas. Allons-nous nous priver de ces immenses possibilités ? Nous avons le devoir de nous battre pour augmenter nos compétences, mettre à la lumière nos performances afin que la médecine chinoise prenne la place qu’elle mérite dans notre société. Et ceci non pas pour une quelconque philosophie de la vie ou pour l’amour de l’orientalisme mais pour les gens qui souffrent et qui attendent de nouvelles solutions à leur problème.

Mode d’emploi des formules modernes

Parfois, j’ai quelque peu complété le mode d’emploi proposé par l’auteur de la formule pour le rendre plus accessible au praticien et au patient occidental. Souvent il s’agit d’adaptations que j’ai moi-même utilisées lors de ma pratique et qui ne me semblent pas trahir les principes traditionnels. Pour éviter la répétition d’informations élémentaires, j’ai supposé connu tout ce qui concerne les éléments de base de la pharmacopée chinoise, en particulier les modes de préparations, méthodes de décoctions particulières (par exemple : Da Huang et Bo He sont cuits juste 5’ à 10’ avant la fin de la décoction, Mu Li et Ci Shi sont cuit 20’ à 30’ avant les autres remèdes, E Jiao se dissout dans la décoction juste avant de la boire, etc. …), la gestion de la toxicité de certaines substances médicinales, les contre-indications majeures, les incompatibilités, les effets secondaires, le goût des plantes, etc…, en fait toutes les données basiques qui permettent réellement de prescrire à bon escient et sans danger. Au final, la pharmacopée chinoise est un art relativement facile à partir du moment ou l’on possède bien la totalité des éléments simples qui la composent.

Pour réduire les posologies donc les coûts mais aussi le temps de préparation, j’utilise personnellement les “ poudres à décocter ou à avaler ”. Elles s’inspirent de formes galéniques parfaitement traditionnelles qui permettent une surface de contact plus importante avec l’eau. Ces procédés rendent plus efficace et plus rapide l’extraction du Qi et des saveurs (principes actifs). Je ne prétends pas que ces méthodes soient idéales mais elles me semblent une adaptation acceptable de la traditionnelle décoction.

Mode d’emploi de la poudre à décocter

Il est inspiré de la méthode de préparation traditionnelle de certaines poudres «grossières» comme par exemple Xiao Yao San (Poudre pour être libre de toute contrainte) ou Ba Zheng San (Poudre des huit régulateurs).
1- Utiliser entre 40 à 60g/jour. Pour certains cas particuliers, le plus souvent graves, je vais jusqu’à 100g/jour. J’utilise pour bon nombre de substances médicinales le rapport suivant : 1g de poudre à décocter = 2g de plantes entières. Il y a cependant des exceptions à cette “ règle ”.
2- Les plantes sont concassées relativement grossièrement.
3- Faire préparer à votre fournisseur des sachets quotidiens qui renferment l’ensemble des substances médicinales nécessaires afin que le patient ne se trompe pas dans les posologies.
4- La veille, mettre le contenu d’un sachet de plantes dans environ 300 à 500 ml d’eau minérale selon les besoins.
5- Le matin ajouter un peu d’eau si les plantes ont beaucoup absorbé. Puis faire cuire le tout dans une casserole (inox ou verre ou terre) : d’abord à feu vif, ensuite dès que l’ébullition commence, mettre à feu doux, couvrir et laisser bouillir à petit bouillon 5 à 15 minutes : 5 mn s’il s’agit de substances aromatiques ou qui dispersent la surface, 10 mn pour les substances standard, 15 mn pour les toniques ou les substances dures (coquillages, carapaces, minéraux…). Pour ces dernières substances, nous conseillons vivement d’utiliser la poudre fine pour augmenter le pouvoir d’extraction.
6- Passer les plantes et boire la décoction chaude.
7- Répéter le même type de préparation le midi et/ou le soir avec les mêmes plantes.

Mode d’emploi de la poudre à avaler :

Il est inspiré de la préparation traditionnelle de certaines poudres «fines» comme par exemple Shen Ling Bai Zhu San (Poudre de Radix Ginseng, Sclerotium Poriae et Rhizoma Atractylodis) ou Jing Ling Zi San (Poudre de Fructus Meliae).
1- Cette préparation est intéressante, uniquement si votre fournisseur possède une poudre extra fine, aussi fine que de la farine.
2- Prendre une cuillère à café bien bombée de poudre très fine (environ 6g) et l’incorporer dans 25 cl (un peu plus qu’un verre à moutarde) d’eau ou plus.
3- Faire cuire le tout dans une casserole (inox ou verre ou terre) : d’abord à feu vif, ensuite dès que l’ébullition commence, mettre à feu doux, couvrir et laisser bouillir à petit bouillon 3 à 15 minutes selon le type de substances médicinales (voir plus haut).
4- Laisser tiédir et avaler le tout, c’est-à-dire : eau + poudre.
5- Répéter cette préparation deux autres fois. En tout, il y a 3 fois 6g de poudre fine. Cette posologie de référence (qu’utilisent actuellement les Chinois lorsqu’ils prescrivent ce type de poudre) peut être augmentée jusqu’à 3 fois 10 ou 15g. Au-delà, il y a risque de saturation digestive.
Il est parfaitement possible en ajustant les quantités de poudre et d’eau de faire les trois décoctions en une seule fois. Il faut alors conserver le remède dans un thermos et l’absorber en deux ou trois fois. La poudre à avaler me semble davantage adaptée à des traitements de long terme où les quantités de principes actifs n’ont pas forcement besoin d’être très élevées, mais en revanche prises de manière constante. Les traitements proposés dans cet ouvrage sous forme de poudre peuvent parfaitement bénéficier de cette méthode. Il en est de même pour les pilules. S’il est difficile de confectionner des pilules à base d’eau et de miel, nous pouvons utiliser le mode d’emploi de la poudre à avaler en respectant les posologies.

Enfin, en Chine, dans les matières médicales, dans les formulaires ou autres manuels thérapeutiques, on suppose que le lecteur, spécialiste, connaît parfaitement les différents types de préparation de chaque plante en fonction de son application selon les règles du Pao Zhi. C’est la raison pour laquelle elles apparaissent peu dans ce formulaire, uniquement quand un auteur a voulu insister sur l’importance capitale d’une préparation. Cependant l’usage correct de la bonne transformation pharmaceutique est fondamental pour obtenir tous les effets escomptés. Ainsi, nous ne cesserons pas d’inviter fortement les prescripteurs d’utiliser ces préparations. Ceux qui veulent une information pratique à ce sujet sont conviés à étudier l’ouvrage intitulé : “ Utilisation clinique de la pharmacopée chinoise – les substances médicinales préparées ” de Ph. Sionneau.

L’usage erroné des pilules et des C.P.

Actuellement en Europe une importante proportion de prescripteurs utilise des pilules manufacturées. Or, dans l’empire du milieu ces pilules sont réservées soit à l’automédication, soit à un éventuel soutien ou une prévention thérapeutique lorsque le patient est guéri ou va beaucoup mieux. On consomme ces pilules comme on consomme de l’aspirine : pour des maux bénins et courants. Lors de mes cours pratiques à Wu Han et à Fo Shan, je n’ai jamais vu de médecins chinois prescrire ce genre de médicaments pour des troubles sérieux tels que nous en voyons dans nos cabinets. Et là encore, il ne s’agit pas d’un problème de qualité (9) mais de quantité de principes actifs. Pour guérir une migraine, 8 pilules 3 fois par jour (soit l’équivalent de 1,5g de plantes/jour) ne suffisent pas. En outre c’est tromper le patient. Pour cette même maladie en Chine (qui demeure encore la référence incontournable) les prescripteurs utilisent entre 60 à 180g de substances/jour. Cherchez l’erreur ! Quand j’entends des individus qui essaient de traiter une sclérose en plaque ou un diabète avec des pilules, ma propre tension artérielle augmente. Là encore, le fautif c’est l’ignorance. C’est la faute de certaines écoles ou certains livres qui ont laissé croire que la pharmacopée chinoise c’était ces pilules de consommation populaire. Tout cela bien entendu s’atténuera sensiblement lorsque notre profession parviendra à plus de maturité. D’ici là il y a un combat énorme à mener contre les marchands de rêves, les requins et les imposteurs.

Avec l’usage des concentrés de plantes (C.P.) demeure le même problème des quantités de principes actifs. Les posologies moyennes sont équcp2ivalentes à 15 à 30g/jour de plantes entières. Ce qui reste pour bon nombre de malades encore insuffisant malgré le mieux évident par rapport aux pilules standardisées. Il faudrait tripler les quantités pour prétendre être dans les normes. En outre, s’ajoute un autre problème majeur : ce mode de transformation modifie beaucoup les saveurs des substances. Or, selon les paramètres de la médecine chinoise, c’est la nature et les saveurs des substances qui agissent. Cette forme galénique moderne bien que plus pratique me semble douteuse pour certains remèdes. En fait que gagne t-on avec ce procédé ? Si l’on a bien compris ce qui a était dit précédemment, on gagne uniquement du temps pour le patient, si tant est que l’efficacité thérapeutique reste la même, ce dont je ne suis pas convaincu (10) . Le temps, il est vrai dans notre société est quelque chose de précieux. A ce moment-là je préfère le système coréen qui à l’aide d’un matériel spécial fabrique des décoctions individualisées sous vide que le patient conserve au froid et réchauffe au bain-marie avant de les boire. Il s’agit de la vraie décoction que le pharmacien prépare par avance. Ou pourquoi ne pas utiliser la “ poudre à décocter ou à avaler ” qui finalement ne demande qu’une vingtaine de minutes de préparation par jour ? Si nos patients ne peuvent pas consacrer une demi-heure par jour à leur santé est-il possible de les aider ?

Certains trouveront encore mon discours trop radical, trop intransigeant. La mode étant à la rentabilité au détriment de l’intérêt des Hommes, j’écris ces lignes pour les quelques fous qui ne souhaitent pas être complices d’un système perverti par l’ignorance et le pouvoir des marchands. L’avenir appartiendra à ceux qui ont du courage.

Notes

  1. L’acupuncture chinoise contemporaine est actuellement influencée par la pensée matérialiste et mécaniste occidentale. De ce fait, elle a quelque peu mis en sommeil certaines données plus “énergétiques”. Elle gagnerait à faire certains retours aux sources dans quelques domaines, mais elle n’en demeure pas moins une thérapeutique extrêmement utile et performante qui a démontré son efficacité à travers le monde entier.
  2. Le terme chinois exact le plus courant est Zhong Yao. Nous pourrions traduire cela littéralement par “ remède ou médicament ” du “ centre ”, c’est-à-dire de Chine. Ainsi, l’expression “ pharmacopée chinoise ”, selon la définition du dictionnaire Robert, semble une traduction plus juste que l’expression “ phytothérapie chinoise ” qui a un sens trop restrictif.
  3. Il est évident maintenant pour tout le monde que malgré les progrès que la médecine occidentale a pu apporter, elle génère en même temps beaucoup de problèmes, et notamment celui de la iatrogénie. La plupart d’entre eux sont dus à mon avis à une application parfois trop rigide, trop technique, trop mécanique et surtout dus au télescopage avec le monde des marchands pour qui le profit passe avant l’intérêt des malades.
  4. Bien que l’acupuncture soit la thérapeutique qui a le plus retenu l’attention des occidentaux car la plus originale par rapport aux autres traditions médicales, c’est dans sa pharmacopée que la médecine chinoise prend toute son ampleur, toute sa profondeur, toute sa subtilité. C’est la thérapie royale et ceci depuis toujours. Aujourd’hui en Chine, 70% des traitements sont basés sur les substances médicinales. Le reste se partage entre l’acupuncture, le massage, les manipulations et la diététique.
  5. Il s’agit d’une forme de lyophilisât en poudre soluble dans l’eau chaude.
  6. Je fais allusion aux spécialités pharmaceutiques industrielles sous forme de comprimés, de gélules ou de pilules.
  7. Après avoir observé la réaction de très nombreux patients, je suis certain aujourd’hui que la majorité des effets secondaires liés au goût et qui se manifestent par des nausées, de l’aversion pour le remède, est d’origine culturelle et non pas physiologique. En outre tout ceci est très influencé par la motivation qu’a le patient à se sortir de ses problèmes et la nature de la relation entre le patient et le praticien.
  8. Attention, remettons les choses à leur place. Les remèdes dits toxiques de la pharmacopée chinoise constituent une part infime de son arsenal thérapeutique. Dans une très large proportion les médicaments ne contiennent pas de substance à risque. Il est même parfaitement possible au commencement ou dans une pratique simple de ne pas utiliser ces quelques remèdes délicats à utiliser. La médecine chinoise est l’une des médecine les plus sûres du monde.
  9. Toutefois certaines marques qui sont destinées exclusivement au marché occidental me laissent perplexe. Mieux vaut éviter les pilules trop édulcorées et lustrées, dont les différentes spécialités ont pratiquement toutes la même saveur.
  10. Pour comprendre ce point de vue, nous pouvons utiliser la comparaison entre un vrai café et un café lyophilisé, entre un grand vin de garde et un vin en poudre. Au final, la composition des ces deux classes de produits est proche, mais leurs effets sur le psychisme et sur le corps ne sera pas exactement le même, le produit naturel et traditionnel étant bien supérieur. Si demain un fournisseur me présente des pilules de qualité, et elles existent, je serai le premier à les prescrire quand elles seront nécessaires et adaptées aux besoins de mes patients. Mon attitude est la même en ce qui concerne les C.P. : lorsque nous aurons une qualité qui s’approche de la décoction traditionnelle, avec un rapport qualité/prix/concentration raisonnable, j’utiliserai ces produits. En attendant, je reste prudent et propose à mes patients ce que je crois être le mieux.

 

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