Interview de Philippe Sionneau dans Le Journal des Femmes (France)

Dans Interview

Plongez au cœur de la médecine chinoise

Source : http://sante.journaldesfemmes.com/maux-quotidien/dossier/medecine-chinoise/# (Mars 2008)

Non, la médecine chinoise ne se résume pas à des aiguilles plantées dans la peau et à des plantes bizarroïdes. Découvrez les principes et les remèdes de cette médecine vieille de plus de 3000 ans, plus actuelle que jamais.

 

journaldesfemmesYin et Yang, ou l'équilibre des forces

"La médecine chinoise est une science très ancienne, entame Michel Deydier-Bastide, médecin traditionnel chinois officiant en occident. Elle considère que l'être humain doit être accordé à l'environnement aussi bien qu'à lui-même. De même, l'individu est un tout corps-esprit, il n'y a pas de frontière entre les deux." Et pour ce faire, la médecine chinoise se base sur le principe aujourd'hui mondialement connu du Yin et du Yang. Mais qu'est-ce donc, si ce n'est un symbole incrustant du noir dans du blanc et inversement ? "Ce sont les deux principes de l'énergie. Ils sont opposés et se complètent", explique Michel Deydier-Bastide. La liaison des deux permet la formation de l'énergie : c'est le Qi. "C'est un système médical à part entière, au même titre que la médecine occidentale, complète Philippe Sionneau, autre spécialiste très réputé en occident. Pour être en bonne santé, il faut qu'il y ait un bon équilibre entre notre Yin et notre Yang. S'il y a déséquilibre, il y a risque de pathologie."

Cinq mouvements fondateurs

Autre principe fondateur de la discipline : les cinq mouvements. "Nous considérons qu'il y a cinq grandes natures, qui caractérisent l'ensemble des phénomènes de l'univers et de l'être humain, précise Philippe Sionneau. Ces cinq mouvements (appelés généralement 5 éléments, à tort) sont représentés par l'eau, le bois, le feu, la terre et le métal. Ils correspondent à cinq types de dynamismes, de natures, de qualités qui servent à étudier les caractéristiques spécifiques de toutes manifestations ainsi que leurs interactions entre elles."

A chaque mouvement correspond un ensemble d'éléments : saisons, énergies, organes, sens, sentiments, etc.

  • Le mouvement bois regroupe le printemps, le vent, le foie, la vésicule biliaire, les yeux et la colère.
  • Le feu représente à la fois l'été, la chaleur, le cœur, l'intestin grêle, la langue et la joie.
  • La terre, c'est la fin de l'été mais aussi l'humidité, la rate, l'estomac, la bouche et les soucis.
  • Le métal représente à la fois l'automne, la sécheresse, le poumon, le gros intestin, le nez et la tristesse.
  • Enfin l'eau est synonyme d'hiver, de froid, de reins, de vessie, d'oreilles et de peur.

Et ainsi de suite : tout élément est classifiable dans l'un de ces cinq mouvements. Un bon équilibre entre ces cinq forces est gage de bonne santé. Tous les symptômes présentés par la personne malade seront donc analysés à la lumière de ces principes. Vous l'aurez compris, la médecine chinoise, qui puiserait ses racines plusieurs siècles avant Jésus-Christ, repose sur des méthodes naturelles et ne s'appuie pas sur les examens scientifiques classiques propres à la médecine occidentale.

Acupuncture, la discipline la plus connue

Si on vous avait demandé de citer un seul élément de la médecine chinoise, vous auriez certainement presque tous répondu en chœur "l'acupuncture" ! Cette discipline fait certes partie des pratiques traditionnelles, mais elle n'est pas la plus répandue en Chine. Cette médecine très élaborée compte aussi tout un pan, très développé, lié à la pharmacologie (plantes, minéraux, substances animales). De même, la diététique, à la fois préventive et curative, joue un rôle important, ainsi que les divers massages et manipulations articulaires. Petite revue des différentes techniques disponibles pour se soigner, version orient.

L'acupuncture... Un patient allongé sur le ventre, le corps recouvert d'aiguilles… Votre pire cauchemar ? Mais non ! L'acupuncture n'est pas une torture. Au contraire, elle est destinée à soigner en replaçant les énergies là où il faut. "Il s'agit d'insérer de petites aiguilles très fines à des endroits extrêmement précis, explique Philippe Sionneau. Une technique alternative consiste à chauffer ces mêmes points grâce à des bâtons d'armoise (une plante), c'est la moxibustion. Dans les deux cas, cette méthode permet d'envoyer des impulsions thérapeutiques à travers ce point et ensuite dans tout le réseau auquel il est relié grâce aux méridiens. On peut ainsi atteindre toutes les parties du corps." En France, l'acupuncture est beaucoup utilisée pour lutter contre le stress ou contre des maladies telles que l'asthme ou le psoriasis, mais elle peut être efficace contre toute une panoplie de maladies très diverses. En France, l'acupuncture est beaucoup utilisée pour lutter contre le stress ou contre des maladies telles que l'asthme ou le psoriasis, mais elle peut être efficace contre toute une panoplie de maladies très diverses.

La pharmacopée, discipline la plus puissante

La pharmacologie à disposition des médecins traditionnels chinois est impressionnante. "C'est selon moi l'élément le plus puissant de la médecine chinoise, comment Philippe Sionneau. Des centaines de substances médicinales sont à notre disposition. Il y a les plantes, bien sûr, mais aussi les substances animales et minérales. C'est pourquoi je préfère parler de pharmacologie plutôt que de phytothérapie. Auparavant, les médecins utilisaient même des substances humaines telles que le placenta ou des cheveux carbonisés, mais cela n'a plus vraiment cours. Surtout, il faut souligner que la médecine chinoise n'a absolument rien de la sorcellerie ou des recettes de grand-mère. Nous n'utilisons pas de bave de crapaud et autres composants magiques ! C'est un outil thérapeutique fantastique, reconnu, qui aide et soigne des patients à travers le monde entier."

En Chine, l'usage des plantes dans la médecine ne s'est jamais arrêté avec l'apparition des médicaments des laboratoires pharmaceutiques, ce qui explique qu'une grande expertise se soit développée au fil des siècles. Le plus difficile consiste à faire le choix des plantes qui serviront à composer le médicament prescrit par un spécialiste. "Généralement, il y a association de plusieurs plantes, souvent 4 ou 5, mais cela peut aller jusqu'à une douzaine voire plus dans certains cas, précise Philippe Sionneau. Le ginseng est le plus connu chez nous, mais ce n'est pas le plus utilisé ni le plus utile." Une fois la composition déterminée, reste à choisir la forme que doit prendre le médicament : décoction, onguent, pilules, liquide médicamenteux... Il n'y a que l'embarras du choix.

Diététique et massage en complément

La diététique chinoise est également une discipline assez peu connue en occident et qui n'est pourtant pas à négliger. Elle comporte deux volets. Le premier, la diététique familiale, est préventif. C'est un peu l'équivalent de nos fameuses campagnes pour manger cinq fruits et légumes par jour. "Elle regroupe un ensemble de conseils de bon sens sur les aliments à privilégier pour rester en bonne santé", résume Philippe Sionneau. L'autre volet de la diététique chinoise est plutôt curatif, il vise à employer l'alimentation et les propriétés des aliments comme médicament. "La liste est longue, mais pour prendre un exemple courant, nous avons pour habitude d'inciter les personnes souffrant d'hypertension à manger du céleri branche. Consommé à une certaine dose, il a le pouvoir de faire baisser la pression artérielle, surtout si c'est le stress qui tend à l'aggraver."

Enfin, les massages et les manipulations articulaires constituent le dernier pilier de la médecine chinoise. "Ils sont un peu l'équivalent de l'ostéopathie occidentale", explique Philippe Sionneau. Ils se basent sur l'acupuncture et les méridiens et peuvent soigner ou soulager de nombreuses pathologies ou symptômes comme la douleur, la fièvre ou la constipation. Les massages sont souvent un très bon complément de l'acupuncture. D'ailleurs, ils sont prescrits en même temps dans un quart des cas.
Certains praticiens sont aujourd'hui spécialisés dans l'une ou l'autre de ces disciplines mais, traditionnellement, les médecins chinois sont formés à ces quatre pratiques.

Une consultation en quatre temps

Bon, l'idée vous tente, mais vous ne savez pas trop à quoi vous attendre et vous hésitez à franchir le seuil du cabinet du médecin traditionnel chinois que vous avez repéré. Pas d'inquiétudes ! La consultation se déroule en quatre temps et n'est pas si différente des visites chez un médecin allopathe consciencieux.

Une fois les présentations faites, le médecin va d'abord procéder à la phase d'observation. Il va scruter tout ce qui peut se voir à l'œil nu sans autre examen : le teint du patient, la couleur de sa langue mais aussi son comportement, sa façon de se tenir, etc. "Toutes ces observations ont été classées au fil des siècles pour pouvoir en faire des déductions, explique Philippe Sionneau. Ainsi, un teint rouge peut symboliser une inflammation ou une hyperactivité d'une fonction, par exemple. Le teint peut aussi, d'une manière générale, informer sur l'état émotionnel du patient."

Suit l'examen olfactif, "aujourd'hui plus rarement utilisé", souligne Philippe Sionneau. Il consiste, vous vous en serez douté, à renifler les différentes odeurs, de celle de la transpiration à celle de l'urine. Ceci permettant d'en déduire, comme pour l'examen visuel, d'où peuvent provenir certains symptômes.

L'interrogatoire se rapproche assez de la formule occidentale. Les questions posées par le praticien permettent de mieux orienter le diagnostic. Il va s'enquérir des symptômes (et donc des raisons de la consultation) mais aussi de choses beaucoup plus diverses : l'appétit, la soif, l'aspect et la fréquence des selles, la qualité du sommeil et de nombreuses autres questions… Autant de détails qui peuvent l'aider à mieux cerner la maladie et, surtout, ses causes.

Enfin la palpation est, pour Philippe Sionneau, "une façon d'ausculter l'intérieur en fonction de l'extérieur". Cet examen consiste surtout en la prise du pouls radial (au niveau du poignet). Attention, ce n'est pas comme la prise de pouls à l'occidentale ! Ici, le médecin place trois doigts sur chaque poignet, au niveau de l'artère radiale, d'une façon très précise. Une pratique qui permet de sonder, avec l'expérience, différents endroits à l'intérieur du corps. La palpation se pratique aussi sur certains points d'acupuncture et peut ainsi permettre de déceler un problème au niveau d'un organe ou d'un système interne du corps.

Les résultats de l'ensemble de ces examens doivent ainsi permettre au praticien de déterminer non seulement la maladie, mais aussi son origine, sa nature, afin de la traiter en amont.

Attention ! Les tarifs d'une consultation sont extrêmement variables d'un praticien à l'autre. "Cela peut aller, en moyenne, de 20 € à 100 €, estime Philippe Sionneau. Rien de précis n'a été fixé en la matière." Et la médecine traditionnelle chinoise n'étant pas reconnue en France, inutile d'envoyer une éventuelle feuille de soins à la sécu : vous ne serez pas remboursé, sauf s'il s'agit d'une séance d'acupuncture par un médecin conventionné.

Une médecine à la fois préventive et curative

"Pour moi, la médecine chinoise est avant tout préventive, estime Michel Deydier-Bastide. Elle permet de repérer, d'évaluer et de traiter en amont d'éventuels déséquilibres, empêchant ainsi d'éventuelles pathologies de se développer. A l'inverse, elle n'est pas efficace en tant que médecine d'urgence. Mais elle peut tout à fait être curative pour certaines pathologies." "L'ennui, renchérit Philippe Sionneau, c'est que la plupart du temps, les gens viennent chez le médecin parce qu'ils sont déjà malades et non parce qu'ils vont bien ! En occident, la médecine chinoise est donc le plus souvent utilisée de façon curative, par absence de choix. Elle est également très efficace en termes curatifs. J'ai soigné des appendicites aiguës en évitant l'opération et, pourtant, cette maladie est une urgence absolue! Etre médecin, quelle que soit la médecine, c'est être pragmatique et honnête, pour le bien des gens qui souffrent."

Bref ! Que ce soit avant ou après que la maladie ait fait son œuvre, la médecine chinoise peut agir dans presque tous les domaines. Petit liste non exhaustive…

  • Les maladies digestives : flatulence, digestion difficile, mauvaise haleine, constipation, maladie de Crohn, ulcère…
  • Les maladies du système respiratoire : toux, bronchite, asthme, sinusite, allergie…
  • Les maladies endocriniennes et métaboliques : diabète, hypothyroïdie, hyperthyroïdie, anémie, œdème…
  • Les maladies du système cardiovasculaire : séquelles d'infarctus du myocarde, palpitations, hypertension artérielle, insuffisance veineuse, hémorroïdes…
  • Les maladies rhumatologiques : fracture, tendinite, mal de dos, polyarthrite rhumatoïde, arthrose, torticolis…
  • Les maladies dermatologiques : acné, eczéma, zona, psoriasis, herpès, urticaire…
  • Les maladies gynécologiques et de la reproduction : aménorrhée, syndrome menstruel, ménopause, fibrome, règles abondantes, stérilité, impuissance, éjaculation précoce, troubles de la libido…
  • Les maladies du système urinaire : incontinence, hématurie, cystite, énurésie…
  • Les maladies oculaires : conjonctivite, myopie, presbytie, glaucome, strabisme…
  • Les maladies auditives : acouphènes, surdité, otite…
  • Les maladies de l'âme : dépression, insomnie, névrose, psychose, stress,

Médecin traditionnel chinois : une formation sur plusieurs années

Nul besoin d'être médecin allopathe pour devenir médecin traditionnel chinois, qu'on se le dise ! Au contraire même, "la tournure d'esprit est tellement radicalement différente. Avoir une formation allopathe peut à mon avis poser problème, il est ensuite difficile de se défaire des principes que l'on a étudié pendant des années", pense Michel Deydier-Bastide.

L'idéal, selon Philippe Sionneau, est d'aller se former en Chine, option qu'il a lui-même choisie. "Je suis parti étudier là-bas et j'ai obtenu un diplôme d'état de la République populaire de Chine. Sur place, nous apprenons la médecine traditionnelle chinoise, mais aussi les rudiments de la médecine allopathique, pour ne pas être démunis face à nos patients lorsqu'ils nous parlent de telle ou telle maladie." En outre, les médecins sont formés aux quatre disciplines : acupuncture, pharmacopée, diététique et massage. "Mais ils doivent ensuite, la plupart du temps, se spécialiser dans l'une de ces pratiques", précise Philippe Sionneau.

En France, les formations sont plus "aléatoires". Il existe quelques diplômes universitaires d'acupuncture, réservés aux personnes titulaires d'un doctorat en médecine. "En fait, la plupart du temps, il s'agit d'études à temps partiel, le week-end ou le soir, dans des écoles privées souvent très chères. Certaines de ces formations ne sont clairement pas à la hauteur, alors que d'autres peuvent tout à fait former de bons médecins traditionnels chinois. Globalement la qualité augmente mais il y a encore beaucoup de progrès à faire et un grand nettoyage serait salutaire", souligne Philippe Sionneau.

Dans d'autres pays occidentaux comme les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie, la médecine chinoise est reconnue et des formations à temps complet sont proposées dans certaines universités, sur le modèle du cursus chinois. C'est à un tel système que Philippe Sionneau et nombre de ses confrères formés en Chine ou en Amérique du Nord souhaiteraient parvenir en Europe.

Comment s'y retrouver et à quoi s'attendre

Pour être autorisé à pratiquer une quelconque médecine dans l'hexagone, il faut être diplômé de la faculté de médecine. Plutôt rassurant à première vue. Sauf que la médecine chinoise n'est pas reconnue en tant que telle et que ceux qui la pratiquent sont rarement diplômés de médecine. "En quelque sorte, nous pratiquons donc dans l'illégalité", souligne Philippe Sionneau.

S'ensuivent une série de conséquences qui contribuent à rendre la pratique de la médecine chinoise relativement aléatoire dans l'hexagone : "Il n'y a pas de reconnaissance du diplôme et donc pas d'écoles agréées pour les non médecins ou quoi que ce soit de ce genre. C'est donc difficile pour le novice, et même pour nous, de s'y retrouver", regrette Philippe Sionneau. Difficile même, de déterminer le nombre de praticiens. "Je dirais quelques centaines au grand maximum. En revanche, il y a plusieurs milliers d'acupuncteurs à travers le pays."

Vient alors le moment de choisir celui entre les mains duquel nous allons remettre nos problèmes de santé. Là encore, le côté amateur, qui peut avoir ses avantages dans d'autres circonstances, pose problème. "Il est clair que c'est particulièrement difficile de s'y retrouver, confirme Philippe Sionneau. Je reçois moi-même beaucoup de demandes de patients qui cherchent à qui s'adresser dans une région particulière. J'ai donc mis en place avec des confrères, via un site internet, un annuaire de praticiens que nous considérons sérieux. Nous avons pris en compte plusieurs critères comme, entre autres, le fait qu'ils soient inscrits à l'Urssaf, ce qui signifie donc qu'ils ont une activité déclarée, leur diplôme d'une école reconnue par la médecine chinoise (qui garantit un minimum d'heures de formations) et le fait de disposer d'un local spécialement destiné aux consultations. Attention, cela ne veut pas dire que ce sont des praticiens de référence, mais disons qu'ils offrent un minimum de garanties, à mon avis indispensables. Au total, cet annuaire recense aujourd'hui 120 médecins traditionnels chinois dans toute la France. Ce n'est qu'un début."

Une médecine reconnue en occident

Mais alors, à quand une reconnaissance du diplôme de médecine chinoise en France ? "Ce serait l'idéal, répond Philippe Sionneau. Mais les praticiens sont encore assez mal organisés. Plusieurs associations œuvrent chacune de leur côté mais il n'y a pas vraiment de cohérence entre les différentes actions. Pour avoir un véritable pouvoir, il faudrait vraiment faire du lobbying et nous ne sommes pas encore prêts." Pourtant, la reconnaissance est déjà chose faite dans de nombreux pays occidentaux, en Amérique du Nord et en Europe. "Il est d'autant plus paradoxal que ce ne soit pas encore le cas en France alors que nous sommes le pays d'Europe qui consulte le plus de médecins alternatifs", souligne Philippe Sionneau.

En fait, de nombreux organismes officiels appellent déjà à la reconnaissance des médecines traditionnelles. C'est notamment le cas de l'Organisation mondiale de la santé, qui appelle depuis 2002 à la reconnaissance et au développement des systèmes de santé traditionnels, dont la médecine chinoise. Le Parlement européen a lui-même édicté une résolution du même type encore plus tôt, en 1997, appelant les gouvernements à s'ouvrir à la médecine non-conventionnelle. Mais aucune de ces résolutions n'a bien sûr de caractère obligatoire.

Allopathique ou chinoise : deux médecines complémentaires

Difficile, en France, de trouver des détracteurs de la médecine chinoise parmi les médecins "classiques". Est-ce vraiment parce qu'elle fait l'unanimité ? "Disons plutôt que nous sommes trop peu nombreux pour faire concurrence à la médecine occidentale, souligne avec réalisme Philippe Sionneau. Ce n'est pas comme l'homéopathie, qui est très répandue en France. Les médecins chinois sont tout au plus quelques centaines. Même si nous étions reconnus, ce n'est pas ce qui ferait se désemplir les cabinets des médecins généralistes !"

D'ailleurs, pour Michel Deydier-Bastide, il n'y a aucune raison d'opposer ces deux médecines, bien au contraire. "Les principes sont totalement compatibles. Je dirais même que médecine traditionnelle chinoise et médecine moderne se complètent très bien l'une l'autre. L'idéal, ce serait de pouvoir utiliser les deux." C'est chose faite depuis déjà une cinquantaine d'années en Chine, où les deux médecines cohabitent, apparemment pour le meilleur. "Il y a trois systèmes, précise Philippe Sionneau. La médecine occidentale est très développée, la médecine chinoise garde une bonne place et, bien souvent, les deux systèmes se combinent. Les patients reçoivent un double traitement, pour obtenir de meilleurs résultats. A mon avis, c'est ce que nous devrions faire dans le futur : tenir compte des différents points de vue de la médecine, dans l'intérêt du patient." Attention tout de même : cela doit se faire en parfaite concertation. En effet, certains médicaments ne doivent pas être prescrits en même temps, sous peine d'effets secondaires potentiellement dangereux. Ce n'est d'ailleurs pas propre à la combinaison médecine chinoise-médecine allopathique, c'est vrai pour tous les traitements.

Pas le même terrain d'action

En France, on en est encore bien loin, "et pourtant, nous aurions tout à y gagner, insiste Michel Deydier-Bastide. Il n'y a pas d'animosité, mais les praticiens sont souvent mal informés et, par conséquent, ne pensent pas à avoir recours à la médecine chinoise."

"Nous n'avons pas le même terrain d'action, poursuit Philippe Sionneau. Soyons clairs : la médecine chinoise ne soigne pas le cancer et n'a pas de solutions ultimes pour bon nombres de maladies incurables. La médecine occidentale est hyper efficace quand il s'agit de pathologies concrètes, tangibles ou de situations d'urgence. Aucun doute : dans ces cas-là, c'est à elle qu'il faut recourir. Mais pour les maladies fonctionnelles, très fréquentes dans un cabinet médical, la médecine chinoise est souvent plus indiquée. J'insiste également sur le fait qu'elle est particulièrement indiquée dans la prévention."

La science pour appuyer les théories chinoises

En occident, pour faire la preuve de l'efficacité d'un médicament ou d'une technique, il faut réaliser des études poussées, sur un nombre déterminé de patients, en double aveugle (dans le cadre d'un test de médicament, par exemple, les patients ne savent pas lesquels d'entre eux reçoivent le placebo et lesquels reçoivent la vraie molécule).

"Des études de ce genre ont été réalisées concernant la médecin chinoise, mais très peu d'entre elles ont été médiatisées", regrette Philippe Sionneau. Ce qui peut s'expliquer par le fait que les médicaments chinois sont, pour la plupart, naturels et donc peu dispendieux et inintéressants à tester pour des laboratoires pharmaceutiques…

Ceci dit, quelques travaux tendent à prouver que la médecine chinoise peut constituer un complément tout à fait actif à la médecine occidentale. L'une de ces études a été réalisée en pleine épidémie de Sras, le célèbre syndrome respiratoire aigu sévère, qui a sévi en Chine au printemps 2003. Deux équipes ont travaillé, l'une employant uniquement la médecine occidentale, l'autre l'alliant à la médecine traditionnelle chinoise. Dans le premier groupe, le taux de mortalité s'est élevé à 12,5 %, contre 7,8 % dans le second groupe.

Contre les lombalgies

Très intéressante également, cette étude menée par des chercheurs autrichiens. Quelque 320 patients souffrant de lombalgies ont été répartis en deux groupes : l'un a reçu un emplâtre placebo tandis que l'autre a reçu un emplâtre à base de piment, issu de la pharmacopée chinoise. Personne, ni des patients ni des médecins, ne savait qui avec reçu le médicament actif. Les résultats sont parlants : après trois semaines de traitement, l'intensité de la douleur a diminué de 42 % pour les patients recevant le médicament chinois, contre 31 % pour ceux recevant le placebo. Le jugement des médecins est révélateur lui aussi : 74 % trouvent le médicament d'une efficacité excellente ou bonne, contre 36 % pour le placebo. Même écho du côté des patients : 82 % disent avoir vu leur situation s'améliorer avec le médicament, seulement 50 % avec le placebo. Des confirmations qui donnent à la médecine chinoise un crédit dont d'autres médecines douces ne bénéficient pas.

 

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