Cher Lokmane,
J’ai répondu sur le mail de votre site, informez-moi si c’est bon afin qu’on continu par ce canal.
Amitiés.
Merci à tous les deux pour ces échanges passionnants.
vous êtes les bienvenus pour ouvrir d’autres débats sur les sujets que vous souhaitez.
Je ne vais pas surenchérir sur le sujet de la méditation. Une certitude que j’ai acquise, c’est qu’au départ, les formes, la discipline sont utiles à beaucoup de pratiquants. Arrive un moment où c’est dans le quotidien, dans son travail, dans ses rapports aux autres, dans les tâches journalières que l’on doit être en état de méditation, en conscience éveillée. Cela demande à avoir eu certains éveils ou certaines ouvertures et ensuite cela ressemble à état d’être plutôt d’un état de faire/agir. C’est sur quoi en tout cas je travaille. Merci.
Il n’y a pas de réponse standard Philippe, chacun intériorise la méditation comme il peut.
Mais les abrutis primaires et tarés comme moi ont besoin de tout arrêter un moment pour s’intérioriser dans le présent.
Au fait, qu’est la méditation ?
Au fait, qu’est la méditation ?
Pour moi c’est un Nikka Red sur ma terrasse scrutant l’horizon et bercé par les rayons du soleil en compagnie de mon épouse.
La preuve que tu es plus avancé que moi est que je ne savais même pas ce qu’est un Nikka Red avant de vérifier sur google !
Bonjour Trebor et Lokmane,
Je suis au tout début d’un chemin sur lequel vous êtes plus avancés que moi, je ne connais ni la méditation ni le Qì Gong mais je vous remercie pour cet échange qui m’a énormément intéressée, et aussi beaucoup touchée (sans que je m’explique véritablement pourquoi). Il y a dans vos textes matière à réfléchir pour toute une vie ! Mais surtout, de vos paroles et réflexions se dégage une beauté, celle d’une sagesse plusieurs fois millénaire qui nous est transmise par les textes classiques et les traditions diverses parvenues jusqu’à nous, que nous avons la chance de pouvoir étudier et le devoir de préserver (et si possible transmettre).
Du fond du cœur, merci.
Chère Aliko,
Nous avons eu avec Lokmane un échange hors site qui me fait mieux comprendre les incompréhensions apparentes que nous pouvons avoir vis-à-vis d’une pratique dans des civilisations différentes. Certains effets manifestés dans une civilisation ne se calquent pas forcément sur l’autre, à cause - ou grâce ? - à l’environnement culturel, intellectuel et théorique qui entoure la pratique. Vous le voyez bien par exemple où en Inde, le corps est théorisé par les sept chakras ; au Tibet, par 4 chakras fondamentaux, en Chine, par les cinq mouvements ; au Moyen-Orient, par les quatre éléments issus de la pensée grecque ; pour moi, par trois étages. Il y en a sûrement d’autres. Toutes ces conceptions du corps sont théoriques. Elles vous imposent de vous encombrer intellectuellement pas ce que j’appelle les “inutiles concepts des autres”, mais elles ne parlent pas de votre corps. Dans votre corps, il n’y a rien de tout ça : ni chakras, ni mouvement, ni élément, ni étage. Il n’y a que vous-même face à vous-même. Et ça c’est une autre histoire, une histoire qui tombe juste, exactement là où il faut, pile comme on dit ; bien loin des élucubration mentales intellectuelles qui sont toujours à côté. Mais notre chute est exactement ça : nous préférons nous contenter de l’à peu près de l’à côté, plutôt que nous confronter au juste de là où cela est.
Vous avez la liberté absolue de choisir la voie que vous voulez suivre.
En fait, le Qi Gong et la médecine chinoise ont un ancêtre commun: le shamanisme de la haute antiquité chinoise, mais ensuite chacun a pris sa voie, le Huang Di Nei Jing écrit souvent que les êtres des temps anciens étaient plus proches des cycles de la nature, plus simples et plus puissants.
Le Qi Gong ne fait pas partie de la médecine chinoise, c’est même un concept récent créé au siècle dernier pour rassembler dans un terme générique toutes les pratiques du corps et de l’esprit (en comparaison du Yoga). Le terme Qi Gong existait très peu avant cette création au siècle dernier, et souvent pour désigner souvent péjorativement les tours de force pour amuser et impressionner le public comme plier des barres de fer, recevoir des coups violents, marcher sur des pics ou du feu, briser des blocs de ciments or morceaux de bois…
Avant, la tradition chinoise désignait le Qi Gong par convention plusieurs noms: Dao Yin, Tu Na, etc… ou par des techniques plus ésotériques ou spirituelles liées au Daoisme et au Bouddhisme Chan, en dehors des émissions de Qi, incantations, talismans et mudras on peut aussi soigner plus simplement par la présence centrée et par la compassion, je vous assure que ces deux dernières sont très puissantes en pratique clinique !Mon idéalisme m’a aussi longtemps fait croire que le Qi Gong fait partie de la médecine chinoise, mais non, même origine, mais chemins différents, par contre les 2 sont en effet complémentaires avec des combinaisons: il y a des masseurs, des acupuncteurs et des phytothérapeutes chinois qui envoient du Qi dans leurs points d’acupuncture, aiguilles ou leurs plantes.
Le 12ème chapitre du Su Wen - Huang Di Nei Jing présente les 5 branches de la médecine chinoise en fonction des directions des points cardinaux et donc des 5 mouvements, les différentes branches de la médecine chinoise existent en raison de leur environnement (ex: il fait froid au nord d’où l’utilisation de la moxibustion).
Le Bian Shi (l’ancêtre du Gua Sha qui est malheureusement peu connu et pourtant redoutablement efficace pour les douleurs) provient de l’est.
La pharmacopée provient de l’ouest.
La moxibustion provient du nord.
L’acupuncture provient du sud.
Le Dao Yin (ancêtre du Qi Gong mais en tant que pratique personnelle) et le An Qiao (ancêtre du massage Tui Na - An Mo) proviennent du centre.L’ancêtre de la médecine chinoise et du Qi Gong thérapeutique s’appelle Zhu You 祝由 (incantations au début, puis talismans et mudras), il est cité quelques fois dans le Huang Di Nei Jing pour présenter l’ancêtre de la médecine chinoise de la haute antiquité, mais jamais présenté de façon structurée comme une discipline de la médecine chinoise.
Le Daoisme aussi provient du shamanisme de la haute antiquité puis le Daoisme religieux a absorbé beaucoup de croyances du folklore chinoise, ce qui fait que le Daoisme encore aujourd’hui utilise beaucoup les incantations, talismans, les mudras, émissions de Qi, etcEnfin, la thérapie par l’urine existe dans la tradition de la médecine chinoise, c’était l’urine des bébés et enfants de moins de 10 ans qui étaient utilisées pour nourrir le Yin et faire descendre le feu, stopper le sang et disperser les stases. Et il semblerait que cette tradition existe encore…
Lokmane Benaicha
Bonjour, merci pour tout cela :)
Bonjour Akiko, Solange et Trebor.
Je suis ravi que nos échanges avec Trebor intéressent les autres.
Ce n’est que par des différences (en apparence) de points de vue que l’on peut évoluer par des échanges pacifiques.
Trebor:
” Certains effets manifestés dans une civilisation ne se calquent pas forcément sur l’autre, à cause - ou grâce ? - à l’environnement culturel, intellectuel et théorique qui entoure la pratique. “
-> Oui, le milieu climatique et géographie qui entoure chaque civilisation, mais aussi les pensées et les mœurs donnent déjà des environnements, des points de départs, des habitudes et des moyens différents pour comprendre la vie et la nature.
“Toutes ces conceptions du corps sont théoriques. “
-> Je ne suis pas tout à fait d’accord, car toutes ces conceptions du corps et de l’esprit sont des ressentis de grands sages anciens qui ont mis par écrits leurs expériences, le problème est qu’avec le temps, il y a eu des erreurs ou modifications des écrits mais surtout des gens qui étudient ces écrits sans pratiquer ou n’ayant pas arriver au niveau des anciens, tombant quelques fois dans l’intellectualisation théorique des écrits plutôt que le ressenti par l’expérience.
“Elles vous imposent de vous encombrer intellectuellement pas ce que j’appelle les “inutiles concepts des autres”, mais elles ne parlent pas de votre corps. Dans votre corps, il n’y a rien de tout ça : ni chakras, ni mouvement, ni élément, ni étage. Il n’y a que vous-même face à vous-même.
...
Vous avez la liberté absolue de choisir la voie que vous voulez suivre.”
-> Je ne crois pas que les concepts des canaux énergétiques (méridiens) et des chakras ou autres concepts des autres soient inutiles, ce sont des voies que beaucoup à travers le temps ont expérimentées et vérifiées depuis des siècles, après c’est évident qu’il ne faut pas être bloqué sur ces concepts car que chacun est différent. Je vois donc les sagesses des anciens comme des guides pour les débutants avant d’être autonome.
Sinon, par rapport à ce débat entre les Qi Gong/méditation avec des formes ou issues de traditions structurées et le Qi Gong sans forme et sans théorie, j’ai écris un court article comparatif qui va vous intéresser car je présente le Qi Gong/méditation avec formes et concepts théoriques en comparaison à une technique qui en est dénuée:
http://www.lokmane-benaicha.com/?q=node/66
Je vais d’ailleurs organiser du 17 au 21 août à Paris avec maître Sun, un stage sur ce Qi Gong spontané sans forme, sans théorie ou autre concept issue d’une école ou tradition, chacun cherche sa vibration intérieure ainsi que la vibration de la nature pour une pratique spirituelle personnelle.
http://www.lokmane-benaicha.com/?q=node/86
Après avoir rencontré plusieurs maitres de Qi Gong, daoistes, bouddhistes… et après avoir traversé toute la Chine à la recherche des secrets de longévité et d’immortalité mais aussi après m’avoir bien fait être humilié et arnaqué par certains maîtres, j’ai compris que le plus grand secret est déjà en nous… plus on lâche le mental mieux on se connecte à notre profondeur essentielle et à la nature.
Ce Qi Gong spontané est une technique sans technique fixe, la plus simple, la plus épurée et plus puissante que j’ai trouvé en près de 12 ans de vie en Chine.
Lokmane Benaicha